Chapitre 8 : Eli.
Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi Alcinoa me
demande de l’embrasser. Cela ne peut pas lui faire le moindre bien. A moins
qu’elle souhaite m’en faire. Je ne vois que cette raison. Pour une fois, je
suis plus serein car je ne l’ai pas laissé dans la nature. Elle est entourée de
l’armée spartiate commandée par le général Léonidas. Son second, Brassis m’a
dit que je ne pourrais le rencontrer que lorsque Nexus serait vaincu. J’ai fait
le tour du campement avant de me mettre en route. J’y ai trouvé un marchand pas
très commode mais qui ne crache pas sur le rachat. Je suis donc retourné là ou
j’avais vaincu le champion et ses sbires, j’ai ramassé tout ce que j’ai pu
porter et suis retourné le voir pour tout vendre. Je me suis acheté un casque de
cuir pour me protéger le crâne et un bouclier en chêne, plus résistant que
celui en pin que la brute m’a explosé à coup de hache. Il m’est même resté un
peu d’or pour gonfler ma bourse. En face de lui se trouvait l’étal d’un
herboriste, spécialisé dans la confection de fiole de soin. Je lui en ai acheté
quelques unes, histoire d’être certain de pouvoir revenir entier. Quand je me
suis enfin dirigé vers la sortie du campement menant en direction de la ville
de Mégare, si j’en crois les soldats, l’un d’eux me demande de retrouver un
vétéran qui n’est toujours pas rentré. Je lui promets de le retrouver et de lui
dire de se dépêcher de revenir.
Les traces de batailles récentes ne manquent pas. Une
grande quantité d’armes et d’armures jonchent les décombres. Je me dis que je
prendrais peut être le temps de me faire un peu d’or en les ramassant pour les
vendre au marchand du campement. Les soldats m’ont fourni une carte sommaire de
la région afin que je puisse me retrouver dans cette plaine spartiate. Au lieu
d’aller directement en direction du chef centaure, je décide de faire le tour
afin de retrouver le vétéran. Je rencontre quelques sangliers monstrueux, qui
ne font pas le poids face à mon attaque à deux mains.
Un satyre montre son
museau, en deux coups il disparaît en poussière. Fort de mon adresse, j’avance
à grandes enjambées. Même si j’ai laissé Alcinoa en lieu sûr, j’ai du mal à
m’éloigner d’elle. Et puis, je ne voudrais pas qu’elle s’inquiète si je suis
trop long. Encore que je n’ose pas imaginer combien de temps s’écoulerait avant
qu’elle ne finisse par se dire que je ne reviendrais pas. Cette idée me
galvanise dans ma détermination à revenir au plus vite.
Au détour d’un bosquet plus dense que les autres, je
découvre un spartiate aux cheveux grisonnant. Il me salue amicalement. A voir
le tas d’objets qui couvrent le sol, il a dû en terrasser une demie douzaine à
lui seul. Je lui fais part de ce que le soldat en poste à l’entrée du campement
m’a dit. Il me remercie du message et me répond qu’il se repose encore un peu
et rentre juste après. Je le laisse derrière moi pour continuer ma route. Si
j’en crois ma carte, je n'ai qu'à longer cet escarpement rocheux pour finir par
arriver au camp de Nexus.
Soudain, j’entends le sifflement d’une flèche qui me frôle.
Elle se fige dans l’arbre que je viens de passer à l’instant. D’un coup d’œil,
je repère la direction probable du tireur. J’opte pour la stratégie arme plus
bouclier. J’entends un second trait, je fais un pas de côté juste à temps. Ça y
est, j’ai repéré le tireur qui encoche une nouvelle flèche. Son corps d’homme
est dénué du moindre vêtement, sans doute pour arborer ses tatouages. Après la
taille, c’est le corps d’un cheval.
Je charge. Mon bouclier me protégeant des
tirs, je décide d’utiliser la même tactique qu’avec le champion. Je compte sur
mon élan pour arriver à bousculer cet adversaire de plus de trois cent kilos.
Ça ne manque pas, je peux même enchaîner avec une frappe de taille.
J’occasionne une profonde estafilade dans la croupe du centaure. Ne pouvant
plus tirer, il se sert de son arc comme d’un gourdin. Je parviens à parader la
plupart des coups mais je n’arrive plus à m’approcher suffisamment pour porter
une attaque. Tout en continuant son petit manège avec son arc, je le vois
porter à ses lèvres une corne dans laquelle il souffle. Je comprends trop tard
qu’il appelle des renforts, je ne pourrais pas faire face à plusieurs centaures
archers. En quelques fractions de secondes, je change de stratégie. Je range
mon bouclier dans mon dos et dégaine ma seconde épée. Je ne peux éviter dans la
manœuvre un coup sur le crâne. Je me remercie mentalement d’avoir acheté ce
casque qui a amorti une grande partie du choc. Je le vois armer son bras pour
porter un nouveau coup, j’anticipe en bloquant son arc avec mon épée de cuivre
et je lui plonge celle de bronze à la jonction des deux corps. Le tas de
poussières est plus important. J’ai juste le temps de ramasser l’arc et le
carquois que je sens la terre trembler sous les sabots des renforts. Mon
expérience en matière de centaure étant toute récente, je n’arrive pas à
évaluer le nombre de mes prochains adversaires. En tout cas, pas question de me faire à nouveau tirer comme un lapin. Je prends les devants et bande mon arc
fraîchement acquis. La première tête qui apparut au-dessus du niveau des
rochers me servant de repaire reçut la flèche de plein fouet. La chance du
débutant sans doute car la seconde s’est perdue dans la nature. Il en reste
deux armés chacun d’une lance. Je décide de rester sous les arbres bas afin d’annuler
leur avantage de taille. Il s leur restent encore l’allonge, sauf si je parviens à
ce qu’ils plantent leurs lances dans un arbre. Je lève les yeux au ciel d’avoir eu
cette idée. La première lance m’arrache un morceau de ma tunique blanche que je
porte sous mon armure de brute et se plante dans l’arbre. J’assène un coup en
visant la main, seulement je suis dérangé par la seconde lance qui semble bien
décidée à me clouer à l’arbre. Je pivote sur moi-même et me fend, mon épée
transperce le cuir de l’armure du plus proche. N’ayant toujours pas récupéré sa
lance, je me concentre sur lui espérant que mon prochain coup fera plus que
caresser son armure. Oui, cela aurait été merveilleux si le second me laissait
faire ce que je voulais. Dans un geste de rage, je lui expédie mon épée de
cuivre qui se plante dans son torse velu. Pensant l’avoir occis, je me retourne
vers le premier qui en a profité pour reprendre sa lance. De mon coté, j’ai
comblé ma main vide par mon bouclier. Je charge à nouveau. Sûr de son avantage,
le centaure charge également. Le choc est rude. Si je peux me vanter de l’avoir
fait vaciller, lui m’a repoussé violemment contre le second centaure qui ne
semblait pas vouloir mourir tout de suite. Par réflexe, je retourne mon épée et
assène un coup en arrière. Cette fois, le nuage de poussière me conforte dans la
conviction qu’il n’est plus. Le dernier centaure bat en retraite, génial. Je
lui coure derrière, gravit un rocher et bande mon arc. J’espère que ce
troisième tir sera aussi précis que le premier. La flèche se fige entre ses
omoplates avant qu’il ne franchise la palissade de bois.
Par contre, celui qui apparaît est beaucoup plus
impressionnant.
Je n’ai pas besoin que l’on me fasse les présentations. Tandis
que j’encoche une nouvelle flèche sans le perdre des yeux, je me rends compte
que je vais devoir viser la tête. Une armure en cuir clouté lui couvre le corps
et descend jusqu'à protéger la partie chevaline. Il est armé d’une épée qui
émet un rayonnement étrange. Ma flèche part dès que j’ouvre les doigts. Je le
vois sourire. Il sait qu’elle ne le touchera pas. Pas le temps de tenter un
nouvel essai, je réalise les mouvements caractéristiques de la création de
boules de feu. J’attends qu’il se rapproche puis les balance furieusement. Il
esquive la première en se penchant, tout simplement. Quand à la seconde, il la
frappe avec le plat de sa lame pour l’envoyer valser plus loin. Plus question de
rigoler, ça va se régler en croisant le fer. Je prends mes deux épées comptant
parer avec l’une et riposter de l’autre. Son premier coup réduit tout mes
projets. Son arme brise ma lame de cuivre et me tranche un morceau de mon
brassard. Je n’ai même pas le temps de me dire que sans protection, c’était ma
main qui serait au sol. Je saute sur le côté afin de me laisser le temps de
prendre mon bouclier. Sûr de lui, il trottine doucement pour faire demi-tour.
En fixant son dos, je décèle le défaut dans l’armure. Seulement, pour le
toucher à cet endroit, il me faudrait le chevaucher. Regardant autour de moi,
je ne vois que les rochers qui me servaient de poste de tir pour me permettre
d’espérer atterrir sur son dos et lui loger mon épée en plein dans le mille. En
esquivant sa seconde charge, plongeant dans les hautes herbes, je découvre un
autre angle d’attaque, tout aussi risqué : son ventre. J’opte pour la
première option. Si je peux me faire prendre en chasse alors que je cours vers les
rochers, il me dépassera pour me porter une attaque de taille, histoire de
m’enlever la tête. Si je m’abaisse au bon moment, je peux conserver mon élan,
sauter sur le rocher puis sur son dos avant qu’il ne se retourne. Le reste de
l’action se passe très vite tout en me donnant l’impression de se dérouler au
ralentit. Je cours feignant de fuir devant lui. Il me prend en chasse et m’emporte
mon casque à défaut de ma tête. Je saute sur le rocher m’en servant comme d’un
tremplin et enfonce mon épée que je tiens à deux mains juste à l’endroit ou les
plaques de cuir clouté se rejoignent. Nexus perd l’usage de ses pattes avant et
me fait basculer par-dessus ses épaules. Je me retrouve plaqué au sol sur le
dos. La sensation que mes poumons se vident d’un coup de tout l’air qui s’y
trouve me fait avoir les larmes aux yeux. Au moment où je pense finir écrasé
par le corps du centaure, je reçois en pleine figure un nuage de poussières
noires que ma bouche ouverte n’apprécie pas du tout.
Je reste allongé au sol afin de reprendre mes esprits. Je
glisse ma main dans ma boite à potions. Je casse le capuchon de cire de l’une
d’elles et avale à grandes rasades son contenu. Est-ce le liquide qui me pique
les yeux ou l’effet de sentir comme mes os se ressouder ? La sensation que
je ressens immédiatement après me rappelle quelque chose. Une cavalcade.
Vraisemblablement Nexus n’était pas seul dans son camp. Je me remets sur pied.
Je ramasse la lame qu’avait Nexus. Bien que beaucoup plus imposante que mon
épée de bronze, je suis surpris qu’elle soit aussi légère.
Une violente douleur me remet les idées en place. La
cavalcade, c’est un archer qui vient de me transpercer l’épaule droite. Ce qui
s’est passé ensuite, c’est le vétéran qui me l’a raconté car je ne me suis pas
rendu compte de ce qui se passait. D’après lui, je fus saisi d’une colère noire
et je fis jaillir des lames de terre pour transpercer le centaure qui m’avait
blessé. Ensuite, je me suis écroulé. Il m’a fait revenir à moi en versant dans
ma gorge le contenu d’une de ses potions. Quand j’ai voulu lui rendre, il a
insisté pour que je garde les miennes. Puis il m’a amené là ou je suis
maintenant.
Face à un coffre haut, long et large d’un mètre. Je frappe
le cadenas de ma nouvelle arme et ouvre le coffre. Plusieurs bourses pleines
d’or, des pièces d’armures et autres objets s’y trouvent. Mais ce qui attire
mon regard, c’est une sphère de la taille de mon poing. Elle brille mais semble
avoir comme une brume à l’intérieur. Je referme le coffre en laissant tout en
place. Comment pourrais-je ramener le contenu jusqu’au camp ? Hypas, le
vétéran, me propose de repartir au campement chercher un chariot et de revenir
pour charger le coffre. « Pendant ce temps, vous n’avez qu’à vous
reposer » ! J’accepte volontiers le laissant repartir à petites
foulées. Je me prends à sourire devant l’énergie de ce vétéran qui après avoir
combattu plusieurs monstres, trouve encore le temps de me sauver et d’aller
jusqu’au campement et revenir.
J’ai dû m’assoupir car quand j’ai ouvert les yeux, Hypas
était de retour avec un chariot tiré par un bœuf. Nous avons chargé le coffre
qui semblait plus lourd qu’il ne l’était en réalité et sommes repartis vers le
campement. Les soldats sur notre passage nous font un signe d’admiration.
- C’est ton exploit qu’il salut gamin.
Je descends du chariot devant Brassis qui me
congratule :
- Je te félicite guerrier. Ton exploit restera dans les
annales. Le général Léonidas souhaite te parler, ne le fait pas attendre.
Les deux gardes interdisant le passage vers la tente de
commandement écartent leurs lances pour me permettre d’entrer. Le général sort
de sa tente en attendant mon arrivée.
- Ainsi tu as vaincu le puissant centaure. Celui-là même
qui a mis à sac la ville de Sparte, ne laissant qu’un champ de ruine sur son
passage. Quand nous sommes arrivés, il était trop tard, nous n’avons pu que
repousser son armée afin d’éviter qu’elle ne mette les blessés à mort. J’ai
toujours cru qu’un spartiate aurait l’honneur de terrasser le monstre. Mais je
dois reconnaître que tu m’as rendu un grand service, accepte ceci en gage de
remerciement.
Léonidas me tend un bouclier rond. Le fond blanc est orné
d’un triangle rouge devant lequel se tiens un lion prêt à bondir.
- C’est le « bouclier du capitaine ».
Il s’agit
d’un objet épique. Tu en trouveras d’autres au cours de ton périple.
Maintenant, va, la suite de ton histoire se trouve sur les côtes de Mégare.
Je sers la main du général, une poignée virile. Je rejoins
Hypas auprès du marchand ou il a déchargé mon coffre. Après avoir revendu tout
ce qui ne m’intéressait pas, je rejoins Alcinoa. Quand elle redresse la tête,
je devine qu’elle discerne également les objets épiques car je la voie suivre
mon bouclier du regard quand je le laisse tomber au sol.
- J’ai réussi ma belle, j’ai dans les mains une sphère
luminescente contenant une brume. Que dois-je faire ?
- Brise là au sol entre nous deux, mon amour.
Avec une certaine crainte, je m’exécute. La brume serpente
entre nous deux en remontant vers nos visages. Soudainement, elle pénètre dans
la bouche d’Alcinoa. Elle hoquette et me demande :
- Embrasse-moi.
Je pose mes mains sur son visage et unis nos lèvres dans un
baiser passionné. Sans m’en rendre compte, la passion de notre étreinte me rend
réactif à l’élément air. Je sens que mes pieds ne touchent plus terre. Quand
j’ouvre les yeux, nous sommes à une dizaine de mètres du sol. Alcinoa bat des
ailes. Nos lèvres se séparent, elle me sourit.
- Je sens le goût de tes lèvres et j’en veux encore.
Je réponds à son invitation en m’efforçant de redescendre
sur terre. Quand nous touchons le sol, c’est la voix de Stauros qui nous
sépare.
- Bien… Félicitations Eli, tu as su trouver le premier
sens, il est donc légitime que je te dise où trouver le suivant et que je te
rende un pan de ta mémoire. Donc, commençons par le prochain sens, il se trouve
après la ville de Mégare et juste avant la côte d’Halcyon. Pour ta mémoire, tu
n’as qu’à me serrer la main et tu en retrouveras une partie.
Ma main serre la sienne, et je tombe inconscient. Les
dernières choses que je perçois sont ses paroles suivies de son rire
sardonique :
- Oups, j’ai oublié de te préciser que cela serait
douloureux…..AH HA AH….
Nous voilà arrivés au premier sens...
RépondreSupprimerBravo! Les différents combats sont très bien décrits! Attention aux quelques fautes d'accords qui trainent encore ici ou là (genre mettre un verbe à l'infinitif au lieu du participe passé, ou l'inverse), mais sinon l'action est bien menée...Ah oui, si je peux me permettre, je dirais de faire attention aux phrases à rallonge...Parfois on perd le fils et il faut relire le passage pour bien comprendre^^
RépondreSupprimerheu, le fil je voulais écrire^^
RépondreSupprimerJ'ai rectifié quelques fautes et lourdeurs. Merci de continuer à poster, tu es d'ailleurs le seul... dommage, plusieurs avis seraient intéressants...
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