Partie 3 - Chapitre 12 - Alcinoa.
Pourquoi
faut-il que nous entrions toujours dans des endroits nauséabonds ? A moins que j'y
sois plus sensible faute de n'avoir que ce sens ? Oui, j'ai aussi recouvré le goût,
mais je ne vais pas me mettre à lécher les murs. D'autant que Basile les décrit
comme poisseux et luminescent. Éli n'a pas dit un mot depuis qu'il se soit présenté
comme sa conscience. Je pense qu'il fait le point. Il relie les événements
entre eux afin d'y voir clair. Quant à moi, et bien, j'avoue que l'idée qu'on
veuille influencer les souvenirs d'Éli me réchauffe le cœur. Non pas que je
veuille qu'il souffre. Non, mais comprenez moi. Ça veut dire que notre histoire
est réelle. Nous nous aimons et si nous arrivons, non. Quand nous arriverons au
terme de cette quête, nous pourrons gouter à la paix. En attendant, l'idée même
de devoir affronter Arachnée, Polyphème et Jarkore n'est guère plaisante.
Comment
je sais les noms de nos futurs adversaires ? Basile bien sûr. Il s'est vanté
lui même de les connaitre. Pas directement mais en prétextant savoir notre
itinéraire, j'en ai conclue qu'il devait avoir l'information. J'avais vu juste.
Si le seul nom d'Arachnée a été évocateur pour moi, Éli s'est plongé dans le
mutisme après l'énumération. Comme il ne répondait pas à mes questions, j'ai
fini par me tourner vers Basile. Il m'a expliqué qui était Polyphème, un cyclope
particulièrement grand et fort. Son seul cri peut briser la roche. Son point faible,
une vue déficiente. Arachnée est la reine des arachnéens. Ce sont les ennemis
séculaires des fées. Depuis mon enfance, elle est le "croquemitaine".
Celle qui oblige les jeunes fées à obéir. En tant que reine, elle est la seule
à engendrer. Tous les mâles la courtisent. Seuls les plus forts peuvent gagner
sa couche. C'est bien souvent la dernière chose qu'ils vivent. Car la
"belle" est anthropophage. Rare sont ceux qui s'en échappent. Ceux
qui y sont parvenus, n'ont pas pu faire autrement que d'y retourner à l'appel
suivant.
Quand au
dernier, Jarkore, Basile ne le connait pas. Ça m'a surprise. Mais ce n'est pas
illogique. Si ce sont les anciens de mon peuple qui manipulent les rêves d'Éli,
l'apparition de sa conscience doit les contrarier. Donc, ils ont peut être
modifié leur plan initial. J'ai demandé à Basile qui était censé garder mon
dernier sens à l'origine. Au début, il n'a pas voulu me le dire, prétextant l'inutilité
de cette demande. A force d'insister, il a fini par me lâcher le morceau. "Ladon"
a-t-il soufflé.
- Qui ça
?
- Tu
vois que c'était inutile de le savoir.
-
Qu'est-ce-que c'était ce Ladon ?
Éli a dû
être excédé de mon ignorance, ou du timbre narquois de Basile, il a claqué :
- C'est
son grand frère. Encore un reptile. Ladon est le dragon qui gardait la toison
d'or. Quoi de plus avisé que de finir l'histoire avec le gardien de la panacée
?
Basile prit
un air renfrogné pour conclure :
- Ça ne présage
rien de bon.
Éli
avance protégé par son bouclier. Je le sais car la position de ses brassards ne
trompe pas. Il se montre prudent car l'antre d'Arachnée est truffé de pièges et
autres détecteurs de présence. Basile a descendu son égide sur son bras,
calquant les mouvements de son modèle. Ce n'est pas sans irriter mon amour :
- Arrête
de me singer.
- Je ne
vois pas en quoi ça te gêne.
Je manque
sûrement les regards assassins qu'Éli doit lui lancer. Agacé, il reprend la marche.
Le boyau s'élargit sur une salle trouée de deux possibilités. Comment je le sais
? Je vois Basile. Les mouvements de sa tête me renseignent. De plus, mon odorat
me donne de bonnes indications. La voie de droite sent davantage l'humidité. Tandis
que celle de gauche est plus aérée, donc plus sèche. Or il est bien connu que
les arachnéens apprécient davantage les endroits secs. Éli confirme mon hypothèse
tout en soulevant le problème. Le sol est couvert de fins fils de soie. Le
moindre contact avec l'un d'eux et notre hôte sera informé de notre présence. Techniquement,
nous aurions l'avantage de l'étroitesse du conduit. Si la reine est aussi
imposante que je l'imagine, elle ne pourra pas nous atteindre. Basile soulève
la question qui nous vient à l'esprit en même temps :
- Si
Arachnée ne peut pas tapisser ce boyau étroit de soie, alors qui l'a fait ?
- Le
seul moyen de le savoir annule l'effet de surprise, donc on oublie. Passons par
le boyau humide, il doit bien arriver quelque part.
Joignant
le geste à la parole, Éli avance d'un pas. Au même instant, je lui agrippe le
bras. L'air a oscillé dans l'autre boyau. Quelque chose arrive. Éli se met
entre nous. Basile choisit de se cacher dans le boyau humide, courageux qu'il
est. Comme il sait que je le vois, il me fait signe qu'il veut jouer l'effet de
surprise. Éli me pousse doucement en arrière. Il doit avoir saisi la tactique
de Basile. En laissant de la place, ce qui va sortir sera obligé d'avancer dans
la salle. Du coup, ça tournera lui le dos. Le plan aurait été ingénieux pour
une créature seule. Ce qui sort est tout autre. Deux puis trois araignées
géantes font irruption dans la salle. La première lève les deux pattes avant en
signe de défiance. Qu'est ce que j'appelle géante ?
Disons qu'elles font un peu
plus d'un mètre de diamètre. Leurs chélicères font la taille d'un poignard.
Elles sont de deux sortes. Les deux premières sont des soldats. La dernière est
une tisseuse, capable de projeter des morceaux de toile particulièrement
collante.
Le but étant d'immobiliser sa future victime. Éli recule encore, m'obligeant
à marcher à reculons. Je n'ai pas le pas très sûr en marche avant, vous imaginez
ce que ça peut donner dans l'autre sens. Je finis par trébucher ce qui détourne
l'attention d'Éli. Le premier soldat en profite pour charger. Il laisse tomber
ses deux pattes avant sur le bouclier d'Éli. Les deux griffes en forme de
crochet qui se trouvent au bout, se plantent dans le métal. Comme elle lève à
nouveau ses pattes, Éli se trouve décollé de terre. Il pend par les lanières de
cuir qui maintiennent son bouclier à son bras. Le deuxième soldat se précipite
vers moi maintenant que le champ est libre. Basile fait alors quelque chose
d'extrêmement courageux, ou de complètement stupide. Il jette son arme sur
celui qui me charge. Seulement, il n'est pas aussi doué que son mentor. La lame
se fige dans le mur juste devant moi. Les mains tremblantes, je ramasse l'épée
et la brandit devant les huit yeux de mon adversaire. Ça la freine immédiatement.
Elle se met à osciller sur ses pattes, comme pour jauger la situation. La
tisseuse se tourne vers le nouveau belligérant. Basile n'a plus que son
bouclier et une dague. Le premier soldat projette Éli dans la direction de
Basile. Mais il anticipe le mouvement en tranchant les lanières de cuir. Seul
le pavois va valdinguer sur celui de Basile. Éli fait un mouvement ambitieux
qui atteint son but. Il s'empare de son second gladius et tranche une des
pattes avant du premier soldat. Entrainé dans sa rotation, il en sectionne une
seconde avec l'autre lame. Surpris et furieux de douleur, l'arachnide pousse un
bruissement aigu. L'effet est immédiat sur les autres, elles se tournent vers
Éli. Profitant de l'ouverture, Basile exécute un fendant pour planter sa dague
dans l'abdomen rebondi de la tisseuse. C'est à son tour de pousser ce cri étrange
qui les pousse à faire face à la menace. Éli enchaine avec un nouveau moulinet
qui ajoute deux autres pattes au sol. Les araignées changent une fois de plus
de cible. Seulement, c'était trop beau pour durer. Le soldat intact se
précipite sur Basile qui parent ses pattes avant de son bouclier. L'amputé
charge Éli en faisant claquer ses chélicères suintantes. C'est là que je réalise
qu'elles sont nettement moins stupides que la moyenne. Les deux menaces étant
bloquées par les soldats, la tisseuse peut tranquillement me projeter de la
soie. En quelques secondes, je me retrouve saucissonnée. A l'aide de ses
pédipalpes, elle me prend en charge et s'engouffre à toute vitesse dans le
boyau couvert de soie. Je dois me trouver vraiment près de ses crochets venimeux
car je sens l'odeur âcre du poison. À moins que... Je sois en train d'être
dévoré vivante. Non, je ne reconnais pas l'odeur du sang.
- Éli,
j'ai peur.
- Tiens bon,
j'arrive. Le temps d'en finir avec le second soldat, l'autre ne présente plus de
danger.
- Elle
est là, elle me parle. Elle va tous nous dévorer.
- ALCINOA
! Ne perd pas ton courage, j'arrive !
- Il y
en a des centaines.
Je ne
sais pas dans quel endroit la tisseuse m'a posé, mais ça doit être immense. Arachnée
trône au milieu d'une vaste toile.
Tout autour, des araignées de différentes
formes et tailles sont réunies. Je me rends compte que même privée de trois de
mes principaux sens, je perçois chacune d'elle. Elles forment une sorte
d'arène. C'est un piège dans lequel Éli et Basile vont se précipiter. Arachnée
me noie dans un flot de paroles insipides qui pourtant me glacent le sang. Sa voix
pénètre en moi désarmant toutes mes défenses psychologiques. Elle distille des
images de mort. Des corps secoués dans d'intolérables soubresauts. Les victimes
se vidant de leur vie à chaque ponction arachnéenne.
Soudain,
dans ce brouillard pictural d'horreur, je vois Basile déboucher du boyau. S'il
est là, Éli doit y être également. Je ne voie pas ses brassards. Elle me le fait
voir gisant au sol tel une écorce vide. Les pièces de son armure jonchent le
sol poussiéreux. Il est mort... Non, ce n'est pas possible...
- C'est
ici que votre quête s'arrête mon enfant. Ton énergie va donner naissance à
plusieurs de mes petits. Ils auront ainsi ton don.
Oui, mon
don. Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Car après tout, ne suis-je pas
celle qui a appris à Éli à manipuler les éléments ? Les larmes coulent sur mes joues
alors que mon esprit commence à former le dessein funeste auquel je songe. Les
visions qu'Arachnée m'envoie perturbent ma concentration. Pourtant, quand la première
étincelle jaillit aux extrémités de mes doigts, elle comprend. Il est trop
tard. Elle m'a privé de mon amour, alors à quoi bon continuer à vivre ?
Les
flammes se mettent à se répandre, léchant mon corps. Une personne ayant tout
ses sens pourrait choisir que le feu soit à bonne distance. Seulement, je ne
sens rien hormis l'odeur de ma chair qui se consume. La fumée pestilentielle me
brûle le goût. Je suis une torche vivante. Je devrais hurler rien qu'à l'idée
d'être rongée par les flammes. Rien de sort de la bouche car je n'ai plus la
force de lutter. Voyant Basile s'éloigner, je comprends que je tombe. Sans
doute la toile était tendue au dessus d'un grand vide. Le feu aura fait un trou
sous moi.
Dans la
toile, c'est l'anarchie. Le feu, seul élément que les araignées redoutent. Il
enflamme chaque fil de soie tel une mèche. Elles cherchent une sortie, mais la
seule est celle ou se tient Basile. Il donne de grand moulinet pour empêcher
quiconque de passer. Me voir m'immoler lui a donné une énergie proche de la
frénésie. Pour le reste, c'est Éli qui me l'a raconté car j'ai perdu
connaissance. Il m'a attrapé au vol avant que je ne m'écrase au fond de la
grotte. Il s'est servi de l'eau pour éteindre mes flammes et a utilisé mon bâton
pour me guérir. Seulement Arachnée n'a pas été dupe. Utilisant sa soie, elle
est descendue dans le gouffre pour s'en prendre à Éli. Elle était furieuse.
L'incendie avait décimé de nombreuses araignées, sans compter les poches à œufs.
Le fruit de ces derniers ébats avait fini en fumée. Deux armes contre six.
Arachnée utilisait un cimeterre dans chaque main, deux aiguilles effilées
fixées sur la dernière section de ses pattes avant et ses chélicères acérées
aussi longue que mon avant-bras.
Quand
j'ai repris mes esprits, Basile avait soigné Éli juste assez pour stopper les
hémorragies. La reine arachnéenne avait profondément mutilé mon amour. Entre
les estafilades qui lui avaient presque couté un bras et le poison qu'elle lui
avait projeté sur les plaies béantes, Éli avait pris cher.
-
Comment as-tu fait pour la vaincre ?
- Il a
utilisé une vieille ruse, répond Basile qui a l'air de ne pas en revenir.
Prisonnier
des pédipalpes d'Arachnée, elle a voulu embrasser sa proie en signe de
supériorité. La légende raconte que le baiser d'Arachnée est une drogue. Elle
serait si puissante que la "victime" ne sentirait même pas qu'elle se
fait dévorée. Il a du lutter pour se concentrer sur son objectif. Elle lui
envoyé des images mentales de moi. Mais pas du même genre de celles qu'elle
m'avait fait voir, non. Là, le piège, c'est que j'étais très entreprenante dans
ma démonstration affective. Rien que d'y penser, j'en rougie. Il fit donc mine
de se prendre au jeu. Enlaçant la reine, il a suivi mon exemple en se transformant
en torche humaine. La différence tenait à ce que le feu ne le brûlait pas. Seule
la reine, prisonnière de l'étreinte d'Éli se consuma jusqu'à ce que mort s'en
suive. Une mort particulièrement douloureuse pour elle mais aussi pour Éli. Arachnée
avait perforé son abdomen et déversé un flot de poison.
Quand
ils se lâchèrent, elle se recroquevilla sur elle-même dans un grésillement
macabre. Lui se mit à être secoué par des soubresauts convulsifs. Il vomit du
sang noir tout en s'effondrant. C'est à ce moment que Basile parvint au fond de
la grotte. Éli avait les yeux révulsés synonyme de son proche trépas. Bien loin
de maîtriser les éléments comme son mentor, il tenta de parer au plus pressé. Il
stoppa le processus de liquéfaction des organes internes. Il arrêta les
hémorragies et parvint à faire sortir le poison du corps. Néanmoins, il avait
donné beaucoup de lui dans les combats contre les araignées. Éli lui souffla de
finir ma guérison puis sombra dans l'inconscience. Quand j'ai ouvert les yeux,
Basile tomba à genou serrant le bâton à deux mains. Après quelques minutes pour
émerger, rassembler mes esprits encore confus, pollués par les images
saisissantes qu'Arachnée avait semé au plus profond de moi, je me suis levée. J'ai
mis un moment à me rendre compte que j'avais récupéré le sens du toucher. Sur
le coup, je n'ai pas cherché à savoir, j'avais trop à faire. A peine remise, il
me fallait déjà puiser dans mon énergie pour soigner les blessés. C'est alors
que je me suis souvenue des potions. Éli en garde toujours sur lui. Si je
parvins facilement à convaincre Basile d'en boire une, pour Éli, ce fût une autre
affaire. Pour un peu, je le noyais avec ce qui était censé le soigner. J'en
ouvris une autre pour la verser directement sur les plaies les plus
dangereuses. Les os du bras gauche d'Éli se ressoudèrent dans un bruit horrible.
Sans reprendre conscience, il lâcha des râles de douleur à plusieurs reprises. Me
tournant vers Basile qui allait mieux quoique encore pâle, je lui demandais :
-
Sais-tu comment sortir d'ici ?
Il me
fit signe que non tout en m'indiquant deux orifices dans le fond du gouffre. Si
son mouvement de tête me donnait la direction, l'absence de le vue ne me
renseignait pas.
- Va
vérifier si celui de droite est praticable, je sens les embruns d'ici.
A peine
a-t-il disparu dans le boyau que Stauros m'apparaît.
- Vous !
Vous êtes gonflé de revenir. Vous vous rendez compte de ce que nous subissons ?
- Je
n'ai pas beaucoup de temps, excusez-moi. Je vous avais prévenu que le chemin
serait semé d'embûches.
- D'embûches
? Éli est moi avons frôlé la mort ! S'il n'y avait pas eu Basile pour nous
aider, l'histoire se terminait là.
- Qui
est Basile ?
C'est à
cette question que je remarque l'étrange apparition. Stauros n'était pas net.
Son corps semblait évanescent, diffus. D'habitude il ne donne pas cette impression,
comme fantomatique.
- Basile
est l'homme qui était porteur du Basilic. Vous devez le savoir !
Stauros
fronça les sourcils. Il ne comprenait pas ce que je lui disais. Ce qui m'a
amené à continuer avec les questions :
- Vous
semblez contrarié. Vous ne le connaissez pas ? Pourtant vous agissez pour les comptes
des anciens de mon village non ?
- Bien
au contraire. Je ne peux vous en dire davantage. C'est à vous de faire la part
des choses. Je suis venu pour respecter notre marché : votre prochain sens,
l'ouïe, se trouve sous le mont Parnasse.
Joignant
le geste à la parole, Stauros s'est penché pour toucher Éli. Comme je tenais la
main d'Éli, j'ai reçu la même déferlante que lui. Un flot d'image multicolore
dont je ne comprenais rien.
Quand je
suis revenue à moi, Basile me se ouais pour le réveiller et Stauros avait
disparu. Basile souriait en me complimentant :
- C'est
vraiment efficace ton soin ! Regarde Éli, il n'a même pas une cicatrice.
Stauros
avait non seulement rendu une part des souvenirs d'Éli, mais il avait également
soigné son corps. Comment avait-il fait ? Mystère. Je me suis bien gardée de
lui faire part de la réaction d'étonnement de Stauros. Il me faut en parler
avec Éli, mais plus tard.
- Il
faut sortir d'ici. Je ne tiens pas à tomber sur quelques survivantes.
Basile acquiesce.
Il suggère de faire une civière pour pouvoir sortir Éli. Le boyau monte
doucement jusqu'à la surface. Après une ascension harassante, nous avons décidé
de bivouaquer non loin de la caverne. Basile prit le premier tour de garde en
espérant qu'Éli revienne à lui avec suffisamment de vigueur pour assumer le
second. Comme à mon habitude, je me love contre Éli. Mais cette fois, je
ressens sa chaleur, sa respiration et même les battements de son cœur. En temps
normal, je serais comblée. Seulement, je m'endors avec la peur au ventre.