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samedi 23 novembre 2013

Partie 2 - Chapitre 3

Chapitre 3 : Alcinoa.
Jamais je n'aurais cru qu'un baiser puisse avoir cet effet. Pour la première fois depuis la perte de mes sens, j'ai sentis une foule de sensations affluées en moi. Les lèvres chaudes d'Eli m'ont transportées, infusant les sentiments que nous avons l'un pour l'autre. Alors que je baignais dans un bonheur sans bornes, j'ai été happée par la déchirante douleur de mon amour.
Michel Stauros est apparu, c'est la seule personne que je peux voir, entendre et sentir, comme-ci elle était le fruit des éléments. Je ne comprenais pas pourquoi, depuis que nous avions franchit ce portail, nous étions Eli et moi, handicapés par la perte d'une partie de notre personne. Ni par quel prodige, cet homme totalement inconnu semblait tout savoir de nous et user de ce pouvoir à quelques desseins funestes. Toujours est-il qu'après m'avoir embrassé, j'ai deviné qu'Eli lui serrait la main. Soudain, je l'ai vu s'effondrer. Stauros s'est tourné vers moi pour me dire :
- Il sera certainement perturbé quand il reviendra à lui. Mais vous ne devez pas perdre de temps. Les choses s'aggravent dans ce pays ce qui va rendre votre périple de plus en plus dangereux. A mesure que vous avancerez dans votre quête des sens, vous regretterez d'avoir choisi cette voie.
- Pourquoi nous faites vous subir tout cela ? Nous n'avons rien fait de mal.
- Intéressante question que voilà. La conception du bien et du mal dépend souvent du point de vue où l'on se place. Dans votre cas, pouvez-vous affirmer que vous n'avez enfreint aucune règle ?
La répartie était bien pensée. Effectivement, Eli et moi étions des fugitifs. Opposés à la décision de mon peuple interdisant notre union malgré les exploits d'Eli, nous avons fui pensant nous soustraire à leur loi. La situation avait dégénéré avec l'attaque du dragonien. Le portail était apparu comme par enchantement. Et sans réfléchir, nous l'avons emprunté. En tant que créature féerique, je savais qu'il existait des passages entre des mondes différents. Mais j'étais loin de m'imaginer qu'il y avait un tel prix à payer pour le traverser.
Stauros semblait lire en moi. Son visage se tordit d'un sourire machiavélique. Il répondit à mon interrogation.
- Au plus l'objet de son désir est important, au plus le prix à payer est élevé. Vous souhaitez faire fi des lois ancestrales de ton peuple pour jouir égoïstement de votre amour, il est logique que le portail vous place dans une situation qui nous permettra de jauger la force de vos sentiments. Si ce que tu crois être indestructible l'est réellement, alors vous triompherez. Mais avant de savourer la victoire, il faut remporter l'épreuve. De plus, il y a une part aléatoire. Vous devez donc subir cet aléa en plus de votre quête.
- Qui est ce "nous" dont vous parlez ? Quel est votre rôle dans cette histoire ?
- Je n'ai pas le droit de t'en dire plus. Comme je suis magnanime, je peux te révéler que vous venez juste d'entamer un voyage long et périlleux. Vos sentiments seront mis à l'épreuve et votre amour se renforcera ou s'éteindra à jamais. Maintenant, occupe toi de lui, il aura besoin de toi plus qu'il ne l'imagine.
Le corps d'Eli se mit à trembler, pris de soubresauts. Il s'arc-bouta et s'affaissa lourdement sur le sol. Stauros avait disparu aussi soudainement qu'il était apparu. Je ne voyais rien d'autre que les pierres élémentaires enchâssées dans les brassards et les jambières de mon compagnon.
Je m'agenouille près de lui et tente de prendre sa main en me fiant à la faible luminescence de la pierre élémentaire. Je me sens impuissante. Je suis saisie d'un profond désarroi. Un sentiment de honte me traverse. J'ai renié les lois de mon peuple pour un désir égoïste. Les paroles de Stauros me taraudent. Suis-je en pénitence ? Dans ce cas, pourquoi Eli subit-il les mêmes épreuves que moi ? Il n'est pas de mon peuple, donc non soumis à ses lois. Est-ce un sortilège des anciens de ma tribu. Ils en seraient bien capables. D’ailleurs, le grand sénéchal ne s’est jamais remis de la disparition de son fils. Il était amoureux de moi, m’a fait la cour. Seulement, je ne partageais pas les mêmes sentiments. Ça faisait un moment que je lorgnais Eli à chaque fois que j’en avais l’occasion. Or, l’amour est ce qui nous maintient en vie. Nous autres fées avons une longévité qui dépend de l'amour dont nous sommes l'objet. Tant que notre amour reste secret, il n’y a aucun danger. Nous vivons une vie normale de fée. Mais si nous prenons le risque de le révéler, alors là, tout change. S’il est partagé, l’éternité nous ouvre les portes. Dans le cas contraire, notre vie s’achève à l’automne suivant. C’est pour cela que beaucoup d’entre nous se déclare au début de l’hiver. Ça laisse quelques mois pour se faire aimer.
“Notre amour se renforcera ou s'éteindra”, il n'y a rien de réjouissant dans cette perspective. Si Eli ne m'aime plus, je disparaîtrais. Du coup, est-ce que cette quête a un sens ? Je souris bien malgré moi à cette question. Quelle ironie... Si je retrouve mes sens mais que je perde celui que j'aime, je ne pourrais même plus en jouir. De toute façon, le principal est qu'Eli retrouve sa mémoire et qu'il regagne sa vie. Et si elle doit se faire sans moi, alors j'aurais le sentiment d'avoir atteint mon but : réparer ce que j'ai occasionné par ma rébellion.
Je me demande ce qui va perturber Eli. Normalement, à chaque sens que je retrouve, il est censé récupérer une partie de sa mémoire. Rien ne devrait lui faire de tort. Pourtant il gémit, il a l’air d’être en proie à une lutte intérieure. Ce pourrait-il que ses souvenirs ne soient pas ce à quoi il s'attende ?


1 commentaire:

  1. Ah,ah...Stauros commence à révéler une partie de lui...Intéressant!
    Attention encore aux phrases à rallonges...Elles ont tendances à revenir ^^

    Et je me permets de jouer un peu les correcteurs d'orthographe:
    "Les lèvres chaudes... m'ont transportées", "Eli lui serRait..." Nous autres (les) fées"..."Rien ne devrait lui faire de tort"...Voilà^^

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