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mardi 19 août 2014

Partie 5 - Chapitre 2 - Alcinoa

Partie 5 - Chapitre 2 - Alcinoa.
Soigner Éli m'a demandé plus d'énergie que je ne le pensais. Ses blessures étaient beaucoup plus profondes qu'il n'y paraissait. Comme-ci l'électricité l'avait brûlé autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Éli avait déjà utilisé les éléments de manière à devenir l'élément voulu, comme l'air. Jamais il n'en avait subi de séquelles. Je ne pensais pas qu'il puisse manipuler de la sorte. Son action a permis de terrasser Polyphème. Je n'ai fait que finir le travail. Maintenant, il dort d'un sommeil agité. Je vois ses yeux bouger sous ses paupières.
Je suis seule à être éveiller. Basile est lui aussi harassé de fatigue. Il n'a pas eu de chance. En se précipitant dans la caverne, il a déclenché un piège incendiaire. Il a pris de plein fouet une explosion de feu et la vague sonore du cyclope. Heureusement pour lui que les deux éléments se sont annulés. Sinon, il serait mort.
Tandis que je passe mes mains dans les cheveux d'Éli que je ne vois pas mais que je sens au toucher, je tressaille au bruit de pas qui s'approchent. C'est avec un temps de recul que je réalise que j'entends. Une forme humaine se découpe dans les rayons du soleil filtrés par les feuillages environnants.
- Bonjour Alcinoa. Je vois que vous veillez sur vos partenaires telle une déesse protectrice.
Stauros ! Il n'y a que lui pour arriver de la sorte. Je sens la colère et la frustration montées en moi.
- Vous ! Qu'allez-vous nous faire encore subir ?
Il s'approche d'Éli et le contemple d'un regard vague.
- Moi, rien du tout ma chère. Je ne suis pas l'initiateur de vos actions.
- Vous êtes quand même derrière tout ce qui nous arrive ! Vous êtes responsable de son état.
Je montre mon amant allongé sur le sol, la tête posée sur les genoux. Je n'arrive pas à définir son expression. Est-ce de la compassion ? De la pitié ? J'espère que non. Délicatement, je pose la tête d'Éli sur un tapis de mousse. Je me relève pour faire face à Stauros. Je porte ma main à l'épée qui pend à mon côté. J'avoue, j'ai envie de me jeter sur lui.
Avant que je ne me décide, il s'accroupie devant Éli et pose sa main sur ses yeux. Une lumière diffuse rend ses doigts presque transparents. Il lui rend un nouveau pan de sa mémoire. Que va-t-il découvrir ? Une nouvelle preuve de la futilité de cette quête ? Une profonde lassitude m'étreint. Elle doit transparaître car Stauros se montre prévenant.
- Vous arrivez bientôt au terme de votre route. Tout deviendra alors très clair. Les questions qui vous hantent trouveront leurs réponses. Vous pourrez alors souffler et reprendre une vie normale.
- Il nous reste encore un adversaire.
- Oui, le Jarkore vous attend à Athènes. Ne sous-estimez pas cet adversaire. C'est sans aucun doute le plus redoutable. Je n'ai le droit de vous donner qu'un indice : "L'Union fait la force !"
Même si j'avais voulu plus d'explications, Stauros avait disparu. Par contre, Éli ouvre les yeux. Comme il plisse les sourcils, je comprends que je suis dans la lumière. Je me déplace légèrement et m'approche pour l'embrasser. Il a un mouvement de recul qui me choque.
- Qu'y-a-t-il mon amour ?
Il balbutie. Ses mots sont incohérents. Mais sa phrase me trouble.
- Pourquoi irradies-tu de la lumière ?
C'est impossible. Nous sommes à l'ombre d'un grand arbre. Pourtant, il a raison. Mon corps irradie une lueur douce. C'est encore un coup de Stauros. Juste avant de dire ses derniers mots, il m'a touché l'épaule. Éli persiste en me faisant réaliser une chose pourtant si évidente que je ne saisie pas pourquoi je ne l'avais pas remarqué :
- Tu me vois maintenant ?
- Oui, je te vois. Juste toi, rien d'autre.
Je suis toujours aveugle, mais je vois Éli, comme quand il devient un élément. Se pourrait-il que l'électricité est modifié son corps ?
- C'est Stauros qui t'a rendu la vue et t'as mise dans cet état ?
- Je ne vois que cette explication.
- Ou est Basile ?
Je constate avec soulagement qu'il reprend ses esprits. Je lui réponds qu'il est allongé à l'ombre de la grotte. Éli se relève doucement. Son visage est crispé, l'effort doit être douloureux. Tandis que je porte la main à mon bâton, il me fait non de la tête. Il veut aller voir Basile. A moins qu'il ne veuille vérifier dans la pénombre de la grotte si je rayonne toujours. Quand nous entrons, nous découvrons notre ami adossé au mur. Il tourne la tête vers nous et sourit.
- C'est gentil de passer le voir.
Visiblement, il ne semble pas voir la moindre aura autour de moi.
- Quand tu nous regardes, tu ne remarques rien ? Demande Éli.
- Donne-moi un indice, là comme ça, je donne la langue au chat.
Éli s'écarte de moi et se campe bien en face. Il me regarde des pieds à la tête, puis revient sur Basile.
- Tu ne vois rien autour d'Alcinoa ?
En faisant un signe négatif de la tête, je l'affranchis en lui parlant de l'aura qu'Éli et moi voyons nettement. Il nie à nouveau. Il semblerait que nous soyons les seuls à la percevoir. Heureusement, car si tous les monstres me voyaient ainsi, je deviendrais une cible facile pour le premier sniper. Je propose de nous reposer et de manger un morceau. Vu l'état général des troupes, mes compagnons acquiescent de concert. Éli se laisse tomber assis à côté de Basile. Il regarde autour de nous afin d'habituer ses yeux à l'obscurité de la grotte. Je tourne mon attention vers l'endroit qu'il fixe. Il y a un gros coffre en fer sculpté. Je ne l'avais pas remarqué jusque là. Faisant un pas pour m'approcher, Basile m'en dissuade :
- Attention ! Il y a peut être encore des pièges comme celui que j'ai déclenché.
Je reviens en arrière et m'assoit à côté d'Éli. Après tout, il sera encore là une fois que nous aurons mangé. Je tends à chacun un morceau de pain et de la viande séchée. Puis nous buvons une grande rasade d'eau fraîche. Éli est songeur. Sans doute réfléchit-il aux souvenirs que Stauros lui a rendus. Je me tourne vers lui, il me sourit pour me rassurer. Il devine que je m'inquiète de notre devenir.
- Je ne pensais pas que tu aurais été capable d'en finir avec le cyclope.
- Moi non plus. Si on m'avait dit avant que j'assénerais le coup final, je n'aurais pas voulu y croire.
- Quoi ! C'est toi qui as achevé Polyphème !
Nous expliquons à Basile ce qu'il a manqué. Comment Éli est devenu la foudre, se déplaçant à grande vitesse. Le coup magistral qu'il lui a porté, le sonnant pour la peine.
- Je n'ai eu qu'à lui plonger l'arme d'Éli dans l'œil pour l'achever.
Basile est impressionné. Il nous fait remarquer que c'est le premier boss que je me fais. Il fait le lien entre cet acte et mon aura qu'Éli et moi voyons. Nous n'avions pas envisagé cette possibilité. Ça éveille ma curiosité. Je demande donc à Basile :
- Tu crois que ça pourrait expliquer aussi le fait que je distingue Éli également ?
- Je ne sais pas. Peut être. Je dirais que votre relation a franchit une étape. En faisant ça, tu nous as sauvés la vie. Attention, je ne dis pas que tu ne l'avais pas fait avant, notamment en nous soignant. Mais cette fois, c'est différent, non ?
Nous restons silencieux face à cette question. C'est vrai au jusque là, c'était toujours Éli qui avait battu le boss. Je n'avais fait que participer et soigner. L'idée tenait la route. De toute façon, nous ne pouvions être sûr de rien, mais peut être qu'Éli serait moins enclin à s'inquiéter pour moi.
Le soleil doit être à son zénith car les rayons entrent moins profondément dans la grotte. Éli se met debout et sors pour vérifier son affirmation.
- Midi ! Nous avons le restant de la journée pour franchir le mont Parnasse. Nous ferions bien de nous mettre en route.
Joignant le geste à la parole, Éli ramasse plusieurs pierres qu'il jette vers le coffre. Rien ne bouge, pas de piège. Il s'approche bientôt suivi de Basile et moi. Il soulève le couvercle et découvre le contenu. Une épée, un kopis, dans un fourreau finement travaillé. Quand il dégage la lame, je remarque de suite qu'elle possède la même aura que moi.
- Elle te revient, c'est ton trophée.
Je passe la sangle du fourreau autour de mon épaule et le fixe de façon à ce que je puisse le saisir en passant ma main au dessus de la tête. Nous ramassons l'or et les pierres précieuses pour découvrir une cape en soie noire.
- Elle est particulière. Je ressens son lien avec l'élément air.
Éli le la passe sur les épaules et rabat le capuchon sur mon visage. Je les vois stupéfaits.
- C'est une cape d'invisibilité. C'est génial. En cas de danger, tu pourras disparaître.
Je retire le capuchon. Éli devine que je n'ai nullement envie de me cacher. Il pose ses mains sur les miennes tout en me soufflant un "s'il te plaît". Après tout, mieux vaut l'avoir et ne pas s'en servir que d'en avoir besoin après s'en être privé.

Nous nous mettons en route, nous enfonçant dans les entrailles du Parnasse à la lumière de torches. Je ne sais toujours pas ce que Stauros lui a rendu. Mais je suis certaine que le moment venu, il le dira.

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