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dimanche 15 juin 2014

Partie 4 - Chapitre 7 - Inspecteur Égala

Partie 4 - Chapitre 7 - Inspecteur Égala
Après avoir raccompagné Alicia, je suis rentré chez moi avec une idée à creuser. La soirée avait été plus détendue que je ne l'aurais imaginé. Ma femme n'avait pas son pareil pour mettre les gens à l'aise. Notre invitée avait repris des forces et était rentrée avec le sourire. Je savais qu'il cachait sa souffrance. Découvrir une famille autour d'un bon repas était quelque chose qu'elle ne connaissait plus depuis bien trop longtemps. Il était évident qu'elle ne pouvait pas être l'instigatrice de tous les derniers événements. Elle, et son mari, en étaient les victimes. Or, pouvoir aider faisait partie de mes prérogatives. Seulement, il me fallait prendre du recul dans cette délicate affaire.
Étant donné qu'elle avait été surprise de l'association "Tennant - Ophélie", il me fallait gratter dans cette direction. J'ai donc décidé de sortir le "pédigrée" de David Tennant. Par chance, il était le genre à aimer les gadgets dernier cri. Sa voiture de sport était équipée d'un GPS destiné à la localiser en cas de vol. J'ai donc rempli une demande pour obtenir les quinze jours précédant l'agression du patron d'Alicia. Comme je n'aurais les informations que le lendemain, je suis allé me coucher.
Le jour suivant, je suis arrivé tranquille à mon bureau. Ce que j'avais demandé m'attendait. J'ai recoupé les différents trajets du playboy avec les lieux des méfaits. J'y ai ajouté les domiciles d'Alicia, d'Ophélie et de notre bon professeur. Si la voiture stationne régulièrement non loin des deux premières, il ne va jamais vers le domicile du professeur. Il passe, par contre, chaque jour à l'hôpital. Mais il n'y reste jamais plus de quelques minutes. Il n'est donc pas possible qu'il soit celui qui apparaît sur la vidéo. Sauf bien sûr, s'il se déplace à pied. Mais il ne le fait quasiment jamais. Je rajoute le resto dans lequel travaille Alicia. Là encore, il y passe régulièrement. Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai ajouté le domicile du directeur de l'hôpital. Il y a bien quelques passages brefs, mais rien de probant. Par contre, je constate l'arrêt régulier à un endroit récurent. Je fais une recherche sur l'endroit, il s'agit d'un hôtel. Je devrais dire un centre hôtelier car il s'agit d'un regroupement de petits pavillons individuels. Rien d'étonnant quand on connaît la réputation du lieu, l'adultère. Ce qui me chiffonne, c'est la raison qu'un célibataire aurait de se rendre là-bas. Quand on a un appart de grand standing, on n’a pas besoin d'aller à l'hôtel. Il faut que je me rende sur place avec une photo.
À l'arrivée de ma partenaire, Katia Labry, j'avais trouvé mon bonheur sur le réseau social de l'individu. J'ai pu remarquer une forte propension à l'auto congratulation. Bon c'est vrai qu'il a remporté un certains nombres de tournois dans son sport, mais tout de même. Il me donne vraiment l'impression d'aimer sa petite personne. Kat me confirme avoir le même sentiment. Nous nous mettons en route, elle prend le volant. Je lui explique les grandes lignes de l'affaire. Comme elle ne dit rien, je comprends qu'elle est dubitative. C'est un bon flic, avec beaucoup de discernement et un bon "flair". Elle préfère voir dans l'agression du patron d'Alicia un crime crapuleux. Quant à la vidéo peu probante de l'hôpital, elle penche plus sur la théorie de la concurrence.
- OK Kat, admettons que tu es raison. Explique moi pourquoi les caméras de surveillance du quartier du restaurant sont toute en panne en même temps.
- Interférence du signal vidéo.
- On est d'accord, mais c'est fort qu'une bande de dégénérés s'attaque au resto à ce moment précis, non ?
- Il n'y aurait pas eu l'agression personne n'aurait remarqué la coupure.
- Soit, que fais-tu d'Alicia ? Elle est liée aux deux affaires.
- Elle n'a pas de chance. La guigne la suit depuis son accident.
- Pour un flic qui a la tête sur les épaules, croire en une part de hasard persistant, c'est paradoxal.
Je crois que j'ai chagriné son égo. Elle pince ses lèvres dans cette petite grimace qui me signale qu'elle se retient de répondre.
- Vas-y, balance, on est des adultes.
- Je pense que tu n'es plus objectif en ce qui concerne cette femme.
- Tu insinues quoi là exactement ?
- Tu t'en veux de ne pas être arrivé plus tôt sur les lieux de l'accident, ou de ne pas avoir été plus présent pour cette malheureuse. J'en sais rien. Tu dois bien sentir que cette affaire pue à des kilomètres mais tu pars dans des raisonnements loufoques.
- Parce que tu trouves loufoque qu'un mec plein aux as tente de tuer le mari de la femme qu'il désire ?
- Mais tu n'as aucune preuve. Juste un début de présomption parce qu'un célibataire plutôt beau gosse emmène ses conquêtes dans un hôtel.
Le ton est tendu, comme sa conduite depuis qu'on s'est mis à parler de manière plus direct. C'est un bon flic, je me dois de retenir ses arguments. Du coup, je lui réponds :
- Si tu penses qu'on perd notre temps, fais demi-tour.
En règle générale, quand je dis ça, elle en profite pour s'exécuter. Pourtant, elle continue et prend la sortie menant à l'hôtel.
- Maintenant qu'on est là, autant aller jusqu'au bout. Tu verras par toi-même.
Les cinq minutes suivantes s'écoulent dans un silence religieux. Je dissèque les paroles de ma partenaire. Se pourrait-il que je me sois laissé mener par le bout du nez ? Je ne vois pas ce qui pourrait troubler mon objectivité. Je suis arrivé le premier sur les lieux de l'accident par un concours de circonstances. Je sais qu'on ne doit jamais bouger un blessé. Sauf qu'en sa vie est en danger. Ce soir là, je n'avais pas d'autre solution. Un court-circuit avait mis le feu au véhicule. J'ai dû extraire Alicia puis son mari. Le chauffeur du poids lourd avait quitté son camion à temps quand la voiture a explosé. Je me suis occupé des blessés, mais je n'ai pas pu empêcher Éli de s'enfoncer dans le coma. Il a perdu connaissance pendant que j'appelai les secours. C'est trop bête. Dire qu'il m'avait demandé de commencer par m'occuper de sa femme. Si ça se trouve, je n'aurais pas pu l'empêcher de plonger. C'est ce que m'ont dit les secours. Kat a raison, ça doit jouer sur mon jugement.
- Écoute Kat, je me fie à toi. Mène l'enquête et si rien ne te saute aux yeux, alors ça voudras dire que tu as raison.

Elle me sourie en me confirmant que je devrais savoir que les femmes ont toujours raisons.

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