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dimanche 1 juin 2014

Partie 4 - Chapitre 5 - Alicia

Partie 4 - Chapitre 5 - Alicia.
La première chose qui m'a surprise dans la voiture de l'inspecteur Égala, c'est sa propreté. Je m'attendais peut être à une vieille caisse pourrie pleine de déchets. Faut croire que je regarde trop de séries policières. Comme il le déclare lui même, "si je dois passer du temps dans cet endroit autant qu'il soit accueillant".
Je devrais lui en vouloir de m'avoir "cassée" publiquement, seulement je ne m'enlève pas de la tête le nom de David sur son ordinateur. Que peut-il bien lui vouloir ? Il reste très secret concernant ses recherches, pourtant le fait que je connaisse David ne le laisse pas indifférent. A moins bien sûr que je sois encore en train de me faire des films. Heureusement que je ne suis pas blonde, sinon on me prendrait pour la ravissante idiote.
- Vous ne m'avez toujours pas répondu !
- A quoi ?
- Ben qu'est-ce que vous lui voulez ?
- A qui ?
- Dites, vous le faites exprès ou quoi ? A David !
- Ne tirez pas de conclusion à la hâte. J'aime bien les belles carrosseries. Quand j'en vois une, je me renseigne sur le propriétaire. Pas de quoi fouetter un chat.
- Et je suppose que je dois vous croire sur parole. Le fait d'avoir mon mari et mon patron dans le coma ne fait pas de moi une poupée de porcelaine.
- Je ne doute pas qu'il faut être fort pour endurer l'épreuve que vous traversez. Mais ça ne vous octroie pas de sauf conduit pour des renseignements relatifs à mes enquêtes.
- Donc vous menez bien une enquête sur David.
Je sens bien qu'il me cache quelque chose, et quelque part, ça m'énerve. Si David a un lien quelconque dans cette histoire, je dois le savoir. C'est sans doute la seule personne qui soit resté près de moi quand j'étais au plus mal. Il est riche et n'a nul besoin d'aller braquer mon patron. Quand à aller bidouiller le programme du professeur Stauros, je ne vois pas bien son intérêt. Sans compter qu'il n'a pas d'accès. Je suis tellement plongée dans ma réflexion que la question de l'inspecteur me fait sursauter.
- Vous connaissez la plantureuse infirmière qui travaille avec Stauros ?
- Ophélie ? Oui et non. Je l'a connais pour l'avoir rencontré, mais sinon je ne sais rien d'elle. Pourquoi ?
- J'aurais du parier que vous n'en resteriez pas là. Comme ça, je l'ai vu sortir du bâtiment.
- Je vous accorde que dans le genre discret, on fait mieux. Mais bon, c'est une belle femme. On ne peut pas lui reprocher d'être visible. Je croyais que vous étiez marié.
- Vous avez l'imagination débordante. Ce n'est pas parce que je remarque une belle femme que j'ai envie de rouler dans des draps avec elle. C'est juste l'association belle femme et belle voiture qui m'a interpellé.
- Seriez-vous en train d'insinuer qu'Ophélie est montée dans la voiture de David ?
- Et quand bien même, vous n'avez pas de raisons d'être jalouse.
C'est vrai. Je n'ai pas de raisons d'être jalouse. Mais je dois reconnaître que cette nouvelle me fait l'effet d'une douche froide. J'ai plusieurs fois repoussé les avances plus ou moins déguisées de David. Il n'allait pas rentrer dans les ordres pour se consoler. Toute de même, avec Ophélie, qui travaille autour de mon mari.
- Quel film êtes-vous déjà en train de vous faire ?
Cette question me pique au vif. Suis-je si prévisible ? Pourtant il a encore raison. Je suis en plein film de science fiction ou dans un mauvais polar. Comme il me manque des données, je conjecture. Et lui, il insiste :
- Quelles sont vos relations avec M. Tennant ?
- Pas celles que vous pensez !
Ma réponse a été cinglante. Plus que je ne l'aurais souhaité. Du coup, je prends un ton plus posé pour m'expliquer.
- David était l'ami de la famille. Il pratiquait le même sport qu'Éli, l'aïkido. Ils avaient un très bon niveau, mais David a toujours été moins rigoureux. Célibataire et plutôt mignon, il profitait de son succès auprès de la gente féminine. Je le soupçonne même d'avoir voulu dévergonder mon mari. Mais Éli a toujours été l'homme d'une seule femme. Jamais il n'a ressentit le besoin, ni même l'envie d'aller voir ailleurs, ne serait-ce que pour s'amuser. Après notre accident, David a toujours été là pour moi. Il...
J'arrête ma phrase prenant la mesure de ce que ce que j'allais dire. Mais l'inspecteur n'est pas le genre à accepter une phrase non terminée.
- Il... ?
- Il m'a aidé à déménager. Il m'a même payé le déménagement parce que je n'avais plus les moyens.
- A cause des frais de traitements pour Éli, je suppose.
Je confirme d'un signe de la tête. Je suis envahie par la mélancolie. Je sens que mes yeux deviennent humides. C'est bête. Pourquoi faut-il que je m'apitoie ainsi ? Ce fut de courte durée car l'inspecteur me fait voir rouge dans la seconde qui suit.
- Vous en voulez parce que redevable, vous avez remboursé le coureur en nature.
Je ne sais pas ce qui l'a le plus surpris, la gifle ou les cris. Pour le reste, c'est lui qui me l'a raconté car j'ai tourné de l'œil. Quand j'ai repris mes esprits, j'étais dans un fauteuil que je ne connaissais pas. Les yeux ronds d'un jeune garçon me contemplaient. A peine ai-je esquissé un sourire, qu'il est parti en trombe en criant "papa, elle est réveillée".
L'inspecteur Mickaël Égala m'avait ramené chez lui. Il traversait sa salle à manger suivi de sa femme.
- Que s'est-il passé ? Ou suis-je ?
- Doucement Alicia, vous êtes tombée dans les vapes. Je vous ai ramené chez moi. Voici ma femme, Nat, et vous connaissez déjà mon fils Noah.
Je tente de me relever, mais mes forces m'abandonnent.
- Doucement, je viens de vous dire que vous êtes tombée dans les pommes. Vous êtes têtue quand vous vous y mettez.
- Mickaël, laisse là tranquille.
- On voit que c'est pas toi qui as reçu la baffe.
- Tu dois l'avoir mérité.
Nat me tend un verre d'eau fraîche. Je me rends compte que je meure de faim et l'odeur provenant de la cuisine n'arrange rien.
- Vous allez rester mangé un morceau. On ne peut pas vous laisser repartir ainsi.
Je vois bien à la tête de l'inspecteur que ça ne l'arrange pas. Quelque part, je le comprends. Quand son travail est terminé, son foyer représente un havre de paix dans lequel il peut redevenir lui-même. Sauf que cette fois, je suis là. Il va devoir rester le flic et moi, un possible suspect.
- Je ne veux pas vous déranger. Vous êtes chez vous, je vais rentrer.
Je parviens à me redresser, la tête me tourne, mais dans quelques minutes, j'aurais repris suffisamment de force pour partir. Sauf que Nat ne l'entend pas de la même façon.
- Pour le dérangement, c'est trop tard. Je ne sais pas ce que vous a fait mon mari, mais rare sont ceux qui osent faire ce que vous lui avez fait.
- Il m'a juste trainé dans la boue.
- Euh, vous y allez un peu fort, non ?
Le petit bout de femme frêle ne se laisse pas compter, même face à la carrure de son flic de mari.
- Racontez-moi.
Mes idées s'embrouillent, je sens de nouveau les larmes montées. Il se devient :
- J'ai juste émis l'hypothèse qu'en remerciement, elle se soit donnée à son bienfaiteur.
- Tu n'as pas fait ça. J'y crois pas. C'est odieux ! Y a bien qu'un homme pour penser comme ça. Va surveiller les lasagnes, je m'occupe de notre invitée.
Même si je suis encore engourdie, je ne peux réprimer un sourire en voyant l'inspecteur obtempérer non sans un ronchonnement. Nat s'assoie face à moi et prend tout de même la défense de son mari.
- Il ne faut pas lui en vouloir. Vous savez, il en voie tellement dans son boulot, qu'il na tendance à souvent imaginer le pire des scénarios.
Je me sens idiote. Je n'ai rien à faire là. Même si sa femme se montre gentille avec moi, je le voie jeter de temps en temps un regard dans notre direction. Seulement je sens bien que je n'arriverais pas à convaincre Nat de me laisser partir. Nos regards se croisent, elle me sourit. Je devine qu'elle tente de se mettre à ma place. Pourtant, même si son mari a été en arrêt de travail pendant six mois, il restait accessible. C'est cette différence, entre autre, qui fait qu'il lui est impossible de me comprendre. Un silence pesant s'installe qu'elle rompt d'une nouvelle question.
- Comment faites-vous pour supporter cette situation ?
Je sais qu'elle ne parle plus de l'insinuation de son mari. Mon premier réflexe serait de lui répondre que je n'ai pas le choix. Mais elle a pris ma défense et je ne me sens pas le cœur à l'envoyer sur les roses. Je choisis donc de lui répondre dans un soupir un "je ne sais pas". Elle me prend la main et me la sers doucement dans un geste d'empathie. Son fils vient nous chercher pour nous inviter à passer à table.
Je ne peux plus m'y soustraire, c'est peut être mieux ainsi.


2 commentaires:

  1. Bienvenue chez moi^^
    Mais c'est qui cette Nat? (^^)

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  2. Toute ressemblance avec une quelconque réalité ne pourrait être que fortuite ^^

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