Partie 4 - Chapitre 2 - Basile.
On a
vraiment eu chaud. Vaincre Arachnée n'a pas été une partie de plaisir. Nous
avons tous donné de notre personne. Je ne vous explique pas comment mon cœur
s'est arrêté de battre quand j'ai vu Alcinoa se transformer en torche humaine. Je
n'arrive pas à croire qu'il n'y ait aucune trace. Hormis ses cheveux qui sont
nettement plus court mai tenant. En même temps, avec une coupe flamboyante,
c'est un luxe d'avoir encore des cheveux.
Éli
n'est toujours pas revenu à lui. C'est vrai qu'il a pris cher. Entre les
perforations, le poison et tous les coups, je crois que je serai mort. Il est
résistant mais je subodore qu'autre chose l'empêche de revenir. A chaque
"boss", il recouvre une partie de sa mémoire. Je présume qu'il lui
faut du temps pour assimiler. Je redoute le moment ou ses souvenirs vont lui
faire comprendre ma supercherie. Il est évident que je ne suis pas sa
conscience. Mon seul péché est d'avoir "héberger" le Basilic. Dois-je
mourir pour ça ? Il fallait que je survive, c'est le seul moyen que j'ai
trouvé.
- Il
faudrait rebrousser chemin vers Mégare. Notre chemin passe par les marais. Nous
ne parviendrons pas à Delphes s'il reste dans le cirage.
Alcinoa
ne détache pas son regard absent d'Éli. Ses mains le caressent. Elles dessinent
chaque contour, chaque cicatrice. Elles soulignent chaque muscle et entourent
chaque grain de beauté. Au bout de quelques minutes, elle me répond lentement
en détachant chaque syllabe :
- Nous
attendrons le temps qu'il faudra ici !
Elle est
plus têtue que lui. Le problème, c'est qu'on est à découvert. N'importe quel
monstre peut jaillir de n’ importe où et nous surprendre. Elle s'en fout. Je
n'aurais qu'à m'en occuper dit-elle. Comme-ci s'était si facile.
- Tu vas
bientôt arrêter de te plaindre !
Si j'ai
mis quelques secondes à réaliser d'où venait la voix, Alcinoa s'est jeté à son
cou.
-
Comment te sens-tu ?
La
question semble incongrue, mais que dire dans ce genre de situation ? Éli nous
rapporte qu'il a une soif terrible. Je lui jette une outre qu'il attrape et
porte à ses lèvres desséchées. Après quelques rasades, il réclame à manger.
Cette fois, c'est Alcinoa qu'il lui donne quelques fruits séchés et du fromage.
- Je
t'ai entendu parler d'un marais, tu expliques ?
- Pour
gagner notre prochaine destination, nous allons devoir rentrer dans les terres.
Le prochain village est Ambrossos. Après, si nous gardons Delphes en
destination, nous allons devoir traverser les marais qui entourent les collines
menant au mont Parnasse.
- Quel
est le danger ?
- Rien
de plus ni de moins que ce que nous avons déjà affronté. Les ichtians tiennent
le marais pour leur. Et la route sera l'occasion de rencontrer satyres, ménades
et autres centaures.
- Une
ballade de santé alors à côté de ce que l'on vient de traverser.
Pour
quelqu'un qui revient des berges du Styx, il ne manque pas d'aplomb. Mais à
quoi bon ternir cette bonne humeur matinale ? Polyphème se chargera bien de
nous compliquer la tâche en temps voulu. J'aide Éli à se lever. Il garde mon
bras en main et me sourit franchement en me remerciant pour mon aide face à
Arachnée. J'attends le pic, mais rien ne vient. Il est sincère. Ça perturbe.
- Je
vais aller me décrasser dans la rivière. Ensuite nous pourrons nous nous
remettre en route. Je nous ai fait perdre assez de temps.
Alcinoa
lui demande pour venir avec. Je n'ai pas besoin de son regard soutenu pour
comprendre qu'ils ont besoin d'un moment d'intimité. Ils ont faillit se perdre
l'un l'autre. Le coup du remerciement m'a fait baisser ma garde. Ce n'est que
quelques minutes après leur départ que je percute. Éli va lui raconter ses
souvenirs. Ils vont établir un plan dont je serais la victime. A moins qu'ils
n'en profitent pour me laisser ici tout seul. Je me précipite dans la direction
qu'ils ont prise. Arrivé au sommet de la dernière dune, je me jette au sol pour
les espionner. Je détourne très vite le regard. En fait, je ne crois pas qu'ils
parlent beaucoup. Alcinoa doit apprécier d'avoir récupérer le sens du toucher.
Allongé
dans le sable, mon regard se perd vers l'endroit ou nous avions dressé le
"camp" en attendant qu'Éli émerge. Je peste contre mon délire. Si je
n'avais pas imaginé qu'ils allaient partir sans moi, je ne serais pas ici en
train de contempler un groupe d'homme-rats en train de fouiller nos affaires. Je
ne peux pas appeler Éli car comment lui expliquerais-je que j'ai abandonné
notre camp pour venir en haut de cette dune ? Dune qui permet de
"mâter" leurs ébats aquatiques. Non, je suis coincé et doit m'en
débrouiller seul. Très vite en plus car les bestioles vont remonter nos traces
à grande vitesse. Je glisse doucement du sommet de la dune aux hautes herbes. J'ai
quand même un peu de chance, le vent est avec moi et masque mon odeur. Par
contre, je prends plein les narines de leur odeur pestilentielle. Ils ne sont
que trois. Avec une bonne technique et l'effet de surprise, je devrais pouvoir
en poutrer un et lui piquer son arme. Ça nous laissera à deux contre un.
Je mets
mon plan à exécution. Je me jette sur celui qui me tourne le dos et lui brise
les cervicales. Je me saisie de son arme, une épée courte rouillée pour faire
face au deux autres. Le combat est inévitable. N'ayant plus l'effet de
surprise, je dois esquiver leurs attaques conjointes avant de tenter une passe
quelconque. Je donnerai cher pour un bouclier. Les deux monstres se montrent
moins agressifs que je ne l'aurais imaginé. Au lieu de profiter du surnombre,
ils se regardent comme pour inciter l'autre à charger. Je marque un fendant qui
passe à deux centimètres de la poitrine du premier. Il fait un bond en arrière.
Le second ne semble pas enchanté de se retrouver en face de moi. Il fait un
premier puis un deuxième moulinet. Je ne bouge pas. Contre toute attente, il
s'enfuie en courant, abandonnant son maigre butin. Il est vite suivi par
l'autre qui jette au sol mes armes. Comble de veine, je balance l'épée que
j'avais ramassée, elle se plante entre les omoplates du dernier qui explose en
poussière noire. Incroyable. J'aurais voulu faire ça, je n'y serais pas
parvenu. Maintenant, il va falloir nettoyer le chantier.
Tout en
m'activant, mon esprit n'arrête pas de se fixer sur les confidences qu'ils vont
finir par se faire. C'est inévitable. Sans compter qu'Éli va finir par
récupérer des souvenirs qui lui seront révélateurs. A ce moment, il ne fera pas
bon rester dans les parages. Même s'il est indéniable que j'ai fait de gros
progrès, il me surclasse toujours en combat.
Tellement
focalisé sur mes pensées et "le ménage" que j'effectue, je sursaute
quand j'entends :
- Tu as
l'intention de construire ici ?
Décidément,
quelle piètre vigie. Je ne les ai même pas entendus arriver. La question
suivante est plus sérieuse :
- On a
eu de la visite ?
- Rien
dont je n'ai pu m'occuper.
- Je te
dois des excuses Basile. Je me suis montré suspicieux et désagréable.
- En
même temps, j'étais ton ennemi il y a peu.
- C'est
vrai, mais tu m'as prouvé que tu ne l'étais plus. Ça fait plusieurs fois que tu
as pris part au combat et as protégé l'un de nous. Cette dernière fois, c'est
de nous deux que tu t'es assuré.
Quel
revirement ! J'en rougirais presque. Mais c'est encore trop frais pour que je
n'y adhère sans arrière pensée.
Le
soleil est à son zénith quand nous nous remettons en route. Nous quittons les
embruns pour une atmosphère toute aussi humide : les marécages.
Bien les réflexions de Basile...Est-il réellement bon finalement, ou très bon comédien? Je trouve cette partie très bien menée, attisant notre soif de connaitre la suite^^
RépondreSupprimer