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lundi 10 février 2014

Partie 3 - Chapitre 4 - Alcinoa

Chapitre 4 : Alcinoa.
Les images reviennent. Enfin, si je puis dire. Je suis aveugle. Je ne perçois que les manifestations élémentaires. Pourtant, il y a des exceptions que je ne m’explique pas. Michel Stauros, qui apparaît en général après une victoire d'Eli sur un monstre particulièrement fort. Il me restitue un de mes sens et une partie de la mémoire d'Éli. Seulement, cette fois-ci, pas de Stauros. Ce qui se présente à moi, nimbé de brouillard, c'est la tête de Basile en gros plan. Il a les lèvres formant une figure improbable qui s'approchent des miennes. Le réflexe est instantané... Baaaaafffff.
- Outch, content de vous revoir parmi nous... Déclare Basile, ou quelque chose comme ça. Comme je ne l’entends pas, je lis sur ces lèvres, enfin j'essaie la plupart du temps.
Que met-il arrivé ? Éli a voulu récupérer son arme, à peine est-il entré en contact avec, que j'ai vu des éclairs parcourir son corps. Il s'est tordu sous la douleur sans lâcher le manche de son gladius. J'ai voulu le pousser mais la dernière chose dont je me souviens, c'est l'étrange sensation de picotement qui me traverser. Le plus curieux, c'est que je ne suis pas censé ressentir quoique se soit.
Éli est toujours allongé. Je le devine à la position des éléments de son armure dans lesquels sont enchâssées des pierres élémentaires.
- Comment va-t-il ? Je ne sais pas pourquoi je pose la question, il m'entend mais moi, non.
- Il dort paisiblement. Quant à savoir s'il se réveillera, ça, c'est une autre histoire.
Il a réussit à utiliser le son. Bien sûr, je tique, mais mon esprit s'inquiète pour celui que j'aime. La décharge aurait pu nous tuer. Décidément, il doit lire dans mon esprit :
- Il est solide. Le coup l'a assommé mais il s'en remettra. Il récupère de notre combat. Ça a dû être moins facile qu'il ne me le montrait. C'est un as du bouclier. J'en ai encore la mâchoire toute endolorie.
Je me demande si je ne préférais pas quand je ne l'entendais pas.
- Pourquoi n'en avez-vous pas profité pour vous en débarrasser ?
Après un temps d'arrêt durant lequel un sourire s'est dessiné au coin de ses lèvres, il m'explique. Soit disant qu'il souhaite gagner à la loyale. Sans compter qu'il m'aurait perdu. Je rêve, il n'a aucun scrupule à m'avouer ses sentiments. J'ai beau lui dire que je ne ressens rien pour lui, qu'Éli représente toute ma vie, il reste optimiste, arguant qu'il gagne à être connu.
- Tu la touches, je t'ouvre en deux sans aucune hésitation.
Nous avons tous deux sursauté. Je me jette sur lui alors qu'il se redresse à peine. Je le couvre de baiser savourant le goût salé de sa sueur. Alors qu'il doit me serrer contre lui, je sens son odeur. Je le sens... J'ai recouvré l'odorat.
- Excellent, nous allons pouvoir nous remettre en route. Je sais où nous devons aller.
- Comment peux-tu le savoir, nous n'avons pas vu Stauros ?
Éli nous raconte que le choc électrique n'a pas eu qu'un effet sur son corps. Après avoir perdu connaissance, son esprit s'est mis à accélérer. Les images se sont mises à défiler comme s'il dévalait une pente abrupte. Au milieu de ce cortège d'images, Stauros est apparu tel un esprit évanescent. Le prochain sens est le toucher. Nous devons nous rendre à Mégare.
Le nom des villes ne l'évoque rien. Ce n'est pas le cas d'Éli ni de Basile. Si ce dernier a déjà sur moi un effet urticant, j'imagine sans peine ce que doit ressentir Éli à l'annonce qu'il nous accompagne. Son argument principal tient à sa relation toute particulière avec le basilic. Il prétend être en mesure d'identifier toute personne infectée. J'ai vraiment du mal avec cette explication. Résumé le monstre qu'Éli a vaincu à une maladie, ça me paraît peu plausible. Les intonations de la voix de mon amour m'amène à conclure qu'il pense la même chose. Néanmoins, je m'oppose à sa suggestion. Attacher Basile à une colonne, c'est le promettre à une mort certaine. Même si nous avons été ennemis, je ne veux pas que nous en venions à de tels procédés. Je n'ai pas besoin de voir pour imaginer le regard lourd de reproches que doit me lancer Éli. Je suis tombé sous le charme de cet homme principalement à cause de ses qualités. Sa noblesse, son sens de la justice, sa bienveillance m'ont transporté sur le nuage de la séduction. Nous autres fées avons l'avantage de pouvoir choisir d'être vues ou non. Durant des semaines, je l'ai observé. Oh, je sais ce que vous vous dites, il a des défauts comme tout le monde. Bien sûr. Mais qu'est-ce qu'un défaut, si ce n'est une qualité poussé à l'extrême. Ainsi quelqu'un de têtu est une personne trop opiniâtre. Un glouton est un gourmet trop gourmand, ainsi de suite. Éli a un sens aigu de la justice, mais la vengeance peut amener trop loin. On dirait que Basile l'a bien cerné. Il dose ces arguments de façon à le titiller mais sans dépasser les limites. Éli cède prétextant que nous pourrons nous séparer des le premier village. Ne voulant pas rester une minute de plus dans cette enceinte, nous nous mettons en route afin de profiter des dernières heures de l'après midi.
Sans jamais se retourner, Éli marque le pas. Il enchaîne monts et vaux à la même allure, celle de quelqu'un qu'il est impossible d'arrêter ou de dévier. Il m'est beaucoup plus facile de le suivre depuis que Basile nous accompagne. Comme je le voie distinctement, je cale mon pas sur le sien. Il est aussi loquace qu'Éli n'est taciturne. Il n'arrête pas de parler de tout et de rien. Chaque vestige, adversaire fait l'objet d'une digression. J'aimerais demander à Éli d'avantages de renseignements sur l'apparition de Stauros, sur ces souvenirs. Seulement, je suis convaincu qu'il ne se livrera pas devant lui.
Le soir venu, je fais style d'avoir froid afin qu'Éli l'envoi chercher du bois pour faire un feu. Mais c'est lui qui part en chercher. Il doit savourer de se retrouver un peu seul sans ce moulin à parole à proximité. C'est alors que Basile embraie :
- Si tu as perdu tes sens, tu ne peux pas ressentir le froid, n'est-ce pas ?
Il m'a percé à jour. Je vais changer de technique.
- Je n'ai trouvé que ce moyen pour tenter de t'envoyer plus loin. J'ai besoin de parler à Éli mais il ne dira rien tant que tu seras présent.
- Il fallait le dire plus tôt, vous voulez un peu d'intimité.
Je n'ose pas imaginer ce que signifie le sourire biais qui s'affiche sur son visage. Je ne préfère pas relever. Au contraire, je joue sur ce terrain.
- Effectivement, nous n'avons pas l'habitude d'avoir un chaperon.
- Eh bien, je pourrais bivouaquer à quelques mètres. Cela vous serait-il suffisant ?
Je lui confirme vouloir faire l'essai. Quant Éli revient, Basile prétexte un besoin pressant pour nous laisser seuls à proximité du feu de camp. Pourtant, cela n'a pas l'effet escompté. Éli le soupçonne de manigancer quelque chose. Il n'a pas confiance, moi non plus d'ailleurs, mais pas pour les mêmes craintes. Alors que je l'imagine trop curieux pour ne pas tenter d'écouter, Éli pense que son histoire de parasite n'est qu'une invention. Il est persuadé que le basilic va refaire surface au moment le plus inattendu.
Je tente malgré tout une approche :
- Comment Stauros s'y est-il pris pour te rendre tes souvenirs ?
Pas de réponse. Ce n'est pas qu'il n'a pas entendu, mais il est dans ses pensées. Je réitère la question en lui touchant l'épaule pour attirer son attention. Il sursaute.
- Pardon, tu disais?
A la troisième fois, il répond :
- En fait, Stauros n'a pas besoin d'être présent. Il peut agir sur chacun de nous à sa guise. Il a donc profité de mon inconscience pour me transmettre mes souvenirs suivants, l'adolescence.
- Qu'est-ce que l’adolescence?
Éli m'explique que les humains naissent tout petit puis grandissent. L'adolescence est cette période ou l'enfant devient adulte. Avant même que je lui pose la question, il développe le sujet. C'est l'époque des extrêmes : excellents souvenirs et pires cauchemars. Pour sa part, ça a été le moment de s'affirmer vis à vis des autres, le plus souvent, avec les poings. Tout en gardant un œil sur Basile, Éli raconte ses souvenirs. L'école, sorte de temple du savoir dans lequel, des adultes tentent de transmettre un savoir à des enfants de tout âge. C'est bien différent et beaucoup plus compliqué que chez notre système. Une fée florale née lors de la première ouverture d'un bouton. Elle a déjà la taille adulte. Elle conserve de ses parents chaque information qu'ils auront souhaité lui transmettre. Puis, durant le premier cycle lunaire, elle se voit attribuer un mentor qui lui apprendra le reste. Une fois le test de survie remporté, la fée est intégrée au clan auquel elle appartient. J'ai laissé aller mes pensées de sorte que j'ai zappé une partie des souvenirs d'Éli. Quand je tourne à nouveau mon attention, il termine une phrase ainsi :
- J'ai donc tous les souvenirs de mes quinze premières années qui me reviennent graduellement.
Dois-je être heureuse pour lui ou inquiète pour nous ? Stauros lui rend des pans de sa mémoire dans laquelle je suis absente. Quelque part, c'est normal puisqu'Éli était déjà quasiment adulte quand je l'ai vu pour la première fois. Normalement, lors de la prochaine étape, il devrait me voir apparaître dans ses souvenirs. C'est avec le fil de cette espérance que je tisse le cocon de mon sommeil.
Le lendemain, j’apprends avec surprise qu'Éli s'est laissé convaincre par Basile de lui confier une garde. L'argument est simple : "j'aurais pu te refroidir quand t'étais dans les vapes". Du coup, Éli est plus reposé, donc, de meilleure humeur. Quand je dis meilleur, n'entend plus ouvert à la discussion. J'en profite pour le questionner.
- Stauros t'a-t-il donné un indice concernant notre prochain objectif ?
- Tu veux dire en dehors du lieu approximatif ?
Nous rions. C'est vrai qu'il ne dit jamais rien de plus que le strict nécessaire. Cette fois pourtant, il a eu une phrase énigmatique :
" C'est sur le fil que tu combattras pour extraire le toucher de la colle "

J'ai dû blanchir car Éli me demande immédiatement pourquoi je ne dis plus rien.

3 commentaires:

  1. Hé bien , je dois dire que je trouve ce passage nettement en dessous des autres...Les lourdeurs refont leurs apparitions -je cite:"Soit disant qu'il souhaite gagner à la loyale", ou "ce que doit ressentir Éli à l'annonce qu'il nous accompagne.", ou encore " je fais style d'avoir froid "et aussi " ce que signifie le sourire biais ", et d'autres tournures encore...Excuse moi pour ça, mais je trouve que ça plombe vraiment l'histoire...A toi de voir...

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  2. En même temps, on ne peut pas être au top à chaque fois.
    J'ai relu les phrases que tu cites mais bon, je ne les changes pas.
    Un peu de flem, une once de brouillard dû à la crève qui m'accompagne depuis quelques jours, et surtout, une grosse envie d'avancer.
    En fait, je compare l'écriture à la musique. Quand tu écoutes un album d'un auteur que tu aimes, toutes les chansons ne te plaisent pas forcément... Là, c'est pareil.
    En tout cas, merci de ta fidélité à lire et à poster... pour l'instant, tu es bien le seul à commenter.

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  3. Hé bin...Pas cool la vie d'auteur^^ Je comprend ton attitude, d'autant que j'ai le même réaction parfois...Néanmoins, pour reprendre ta comparaison "musicale", si un morceau peut être en dessous des autres, aucun musicien digne de ce nom ne laissera passer des fausses notes dans ses morceaux...D'autant -mais ce n'est que mon point de vue- qu'il pourrait t'être relativement facile de réécrire ces expressions qui alourdissent le texte...Mais bon, the show must go on comme on dit^^
    Pour ce qui est des coms, il est en effet étrange que je sois le seul, puisque ton compteur indique une bonne fréquentation, qui n'est pas imputable à la seule famille!

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