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mardi 11 novembre 2014

Partie 5 - Chapitre 9 - Inspecteur Egala

Partie 5 - Chapitre 9 - Inspecteur Egala.
Entendre la voix d'un étranger quand on téléphone chez soi est extrêmement surprenant. Mais quand le message vous fait comprendre que la personne qui vous est le plus cher au monde est en danger, alors là, la tension monte de plusieurs crans.
- Qu'est-ce que vous voulez ? Ou est ma femme ? Vous n'avez pas intérêt...
- Ola, déjà des menaces... Vous êtes pathétique.
- Qui êtes-vous ?
- Ai-je vraiment besoin de me présenter, inspecteur Egala ?
- Je ne reconnais pas votre voix, ARRÊTEZ CE P’TIT JEU !
Je n’ai pas le temps de passer à la salve d’insultes qui me venait à l’esprit, Kat m’arrache le téléphone des mains.
- Inspecteur Labry, déclinez votre identité.
Un rire éclate, tellement fort que je l’entends bien que le kit main-libre ne soit pas branché.
- Bonjour Inspecteur, repassez-moi de suite votre collègue… A moins que vous ne vouliez avoir du sang sur la conscience.
Kat me tend à nouveau le téléphone. Sa main tremble. Est-ce la peur ou l’énervement ? La voix de mon pire cauchemar me hérisse le poil. Mais ce qu’il me dit me remplit de terreur.
- Votre femme et vos deux enfants ont une heure, peut être deux. Après quoi, l’oxygène viendra à manquer.
Il me donne l’adresse que je répète à voix haute. Kat a déjà mis le moteur en marche. Elle démarre sur les chapeaux de roues. La voix désagréable reprend :
- Vous noterez que je n’ai tué personne. J’ai laissé votre famille en pleine santé. S’il leur arrive quelque chose, ça sera votre faute. Maintenant, je vous laisse, vous avez fort à faire.
De nouveau, un rire sardonique éclate avant de couper la communication. Tout en roulant, Kat avait appelé la brigade pour le plus de collègues viennent nous donner la main. L’adresse est celle d’un grand chantier de construction gigantesque. L’idée même de la surface à couvrir me fait paniquer. Je suis plutôt d’une nature pacifique. Je n’aime pas utiliser mon arme de service, mais la haine grandit en moi au point que je me sens tout à fait capable de loger une balle entre les deux yeux de ce psychopathe. Le problème, c’est que je ne sais pas qui il est.
- C’est Tennant, c’est obligé. Il a du avoir vent que nous étions sur ses talons, du coup, il s’en prend à toi.
Je n’en reviens pas de prononcer les mots qui suivent :
- On n’a aucune preuve. De plus, ce n’est pas parce que nous sommes sur cette affaire que c’est obligatoirement notre suspect. Comment pourrait-il savoir que nous le suspectons ?
Kat tape sur le volant. Elle a l’air autant affecté que moi. Elle me demande d’appeler le QG pour savoir si d’anciens criminels auraient été relâchés récemment. Mon collègue me confirme ce que je pensais, impasse ! Pas de voyous que j’ai mis à l’ombre libérer dernièrement. Nous arrivons sur le chantier. Même le capitaine est de sortie. Il me crie après :
- EGALA, qu’est-ce que vous faite là ?
- C’est ma famille chef, vous ne croyez pas que je vais rester sans rien faire !
- Ce n’est pas ce que je vous demande ! Laissez nous faire ici, les chiens sont déjà en chasse. Retournez chez vous, cherchez des signes éventuels. Votre femme est astucieuse, elle vous aura peut être laissé un indice.
- Chef, vous ne pouvez pas…
- EGALA, C’EST UN ORDRE !
Là, je vois rouge. Je m’avance vers le capitaine, la rage montante me faisant blanchir. Kat essaie de me retenir vainement. Quand il ne me reste qu’un pas à faire, je prends une énorme claque en pleine figure qui m’assomme à moitié. Vu la taille des mains du chef, il n’est pas étonnant que je vois trente six chandelles.
- Quand vous aurez fini de faire votre caprice, vous pourrez faire votre boulot de flic ! Labry, emmenez le, et magnez vous.
J’ai toujours cru que prendre une baffe de la sorte aurait plutôt accru ma rage. Ben non. Le coup m’a clamé direct. A ce moment précis, j’ai l’impression que mes idées se sont remis dans l’ordre. Ce n’est plus l’affectif, mais rationnel qui prend le dessus. Le chef a raison. Nat ne se sera pas fait enlever sans me laisser un indice. A moins que… NON ! Faut que je me concentre sur le rationnel et que je fasse confiance à mes collègues. Je croise le regard du capitaine. Pas un mot de plus, juste un accord tacite entre deux hommes qui se respectent. Dont l’un à une joue toute rouge.
Kat me laisse le volant, j’enfonce la pédale d’accélérateur, direction ma maison. Derrière le bruit du moteur qui vrombit, je laisse mon esprit tenter de faire la part des choses. Je sens pourtant une force en moi saper les fondements de ma raison. Le deux tons hurle, les voitures s’écartent comme elles peuvent. Le paysage défile à grande vitesse. Ma rage me fait prendre des risques qui obligent Kat à me dire :
- Si on meurt en route, ça ne les aidera pas !
Le temps que le concept me parvienne, nous sommes arrivés. La maison est toute lumière éteinte. Je sors mes clés et ouvre la porte. J’appuie sur l’interrupteur tout en dégainant mon arme. Je sais ce que vous vous dites, à quoi bon dégainer, le coupable n’est certainement pas là. C’est un vieux réflexe de flic. Kat et moi nous séparons, elle reste en bas tandis que je prends l’étage. Rien d’anormal dans les escaliers, ni sur le palier. En face, j’ouvre la chambre de mon fils. Comme à son habitude, les jouets traînent un peu partout. La chambre de ma fille est quelque peu mieux rangée mais ne m’apporte rien en termes d’indices. J’avance vers notre chambre. Nathalie a du se changer. Plusieurs tenues sont posées sur le lit. Sérieusement, qui prendrait le temps de choisir sa tenue avant de se faire enlever. Je fronce les sourcils devant le paradoxe de la situation, quand Kat m’appelle.
- Mike, tu devrais venir voir !
Je descends les marches quatre à quatre. Qu’a-t-elle bien pu trouver ? Je déboule dans la cuisine pour voir ma collègue appuyée sur le frigo. Elle tape du bout de son arme sur le planning familial. Il est écrit : « 18H00 Nocturne du zoo ». Kat et moi nous regardons, on se comprend. La pendule sonne vingt heures. Le parc est à l’autre bout de la ville. Voilà déjà trois quart d’heure de passé depuis le coup de fil le plus horrible de ma vie.
- Kat, je me demande si on ne s’est pas fait banané.
- Je n’osais pas te le dire, il n’y a qu’un moyen de le savoir.
- Oui, mais si on se plante…
Je laisse la phrase en suspens car j’entends le bruit d’une voiture qui arrive. Je me précipite vers l’entrée et manque d’envoyer valser mon fils qui courrait dans la direction opposée. Je le prends dans mes bras en le serrant de toutes mes forces. Lui n’en comprend pas la raison, gigote pour se défaire de mon étreinte. Nat arrive, le visage inquiet. Faut dire que la voiture est garée en travers de la route avec le gyrophare qui fonctionne encore.
- Mike, qu’est-ce qui se passe ?
Après avoir reposé le fiston au sol, je serre ma femme dans mes bras en laissant échapper un long soupir de soulagement. Bien qu’elle ne soit pas très friande des démonstrations affectives publiques, elle comprend qu’il y a du se passer quelque chose qui m’a ébranlé. C’est Kat qui explique brièvement à Nat les derniers événements. Puis elle appelle le chef pour lui dire de stopper les recherches.
- Chéri, pourquoi t’aurait-on fait croire à notre enlèvement ?
- Pour m’éloigner de l’endroit ou nous devions effectuer une planque. Je ne vois que ça.
- Alors, retourne vite là-bas, il n’est peut être pas encore trop tard.
Kat sourit de me voir presque mis dehors par ma femme. Je l’embrasse en lui soufflant de bien fermer toutes les portes à doubles tours. Elle acquiesce en me murmurant un « je t’aime ».
Nous reprenons la voiture, mais cette fois-ci en mode discrétion. Kat a repris le volant, elle roule nerveusement démontrant son agacement.
- Si c’est pour nous éloigner de la planque, c’est bien Tennant l’auteur du coup de fil.
- C’est ce que tout semble indiquer en effet. Mais pourquoi prendre un tel risque ? Il doit se douter que maintenant il va avoir un mandat d’amener au cul.
- Tu m’étonnes, le chef était furax. Mobiliser quarante personnes sans compter la brigade canine pour une fausse alerte, tu vas prendre un savon.
- Il m’a déjà mis une tarte, ça devrait suffire non ? Sinon, on la joue comment ?
- On ne rigole plus. On rentre et on arrête tout le monde.
- Ok. On va avoir une longue nuit, tu le sais.
- Ben en fait, on devait planquer toute la nuit, alors, quelques interrogatoires, ça changera.
A peine arrivé au motel, nous nous sommes précipités vers la chambre que nous étions censés surveiller. Un solide coup de pied dans la porte eut raison de la serrure. Ce que nous y avons découvert, nous a surpris. Nous étions loin de nous imaginer que cette personne serait là, attachée aux barreaux du lit à moitié nu. Nous nous sommes approchés, tout en jetant un œil circulaire à la pièce ainsi qu’aux toilettes. Personne d’autre. Je me suis approché pour prendre son pouls.
- Il vit ! Soit il dort, soit il a été drogué. Appelle les urgences qu’ils envoient une voiture.
- Bon, ben, ça ne sera pas pour ce soir l’interrogatoire. Ecoute, Mike, rentre chez toi, t’en a assez bavé aujourd’hui. Je gère. Passe me prendre demain à l’hôpital, je vais rester avec lui cette nuit.

Je ne me suis pas fait prier. A peine ai-je quitté Kat, que je me mets à penser à cent à l’heure. Néanmoins, une seule question m’obsède : Pourquoi ? 

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