Partie
5 - Chapitre 9 - Inspecteur Egala.
Entendre
la voix d'un étranger quand on téléphone chez soi est extrêmement surprenant.
Mais quand le message vous fait comprendre que la personne qui vous est le plus
cher au monde est en danger, alors là, la tension monte de plusieurs crans.
-
Qu'est-ce que vous voulez ? Ou est ma femme ? Vous n'avez pas intérêt...
- Ola,
déjà des menaces... Vous êtes pathétique.
- Qui
êtes-vous ?
- Ai-je
vraiment besoin de me présenter, inspecteur Egala ?
- Je ne
reconnais pas votre voix, ARRÊTEZ CE P’TIT JEU !
Je n’ai
pas le temps de passer à la salve d’insultes qui me venait à l’esprit, Kat
m’arrache le téléphone des mains.
-
Inspecteur Labry, déclinez votre identité.
Un rire
éclate, tellement fort que je l’entends bien que le kit main-libre ne soit pas
branché.
-
Bonjour Inspecteur, repassez-moi de suite votre collègue… A moins que vous ne
vouliez avoir du sang sur la conscience.
Kat me
tend à nouveau le téléphone. Sa main tremble. Est-ce la peur ou
l’énervement ? La voix de mon pire cauchemar me hérisse le poil. Mais ce
qu’il me dit me remplit de terreur.
- Votre
femme et vos deux enfants ont une heure, peut être deux. Après quoi, l’oxygène
viendra à manquer.
Il me
donne l’adresse que je répète à voix haute. Kat a déjà mis le moteur en marche.
Elle démarre sur les chapeaux de roues. La voix désagréable reprend :
- Vous
noterez que je n’ai tué personne. J’ai laissé votre famille en pleine santé.
S’il leur arrive quelque chose, ça sera votre faute. Maintenant, je vous
laisse, vous avez fort à faire.
De
nouveau, un rire sardonique éclate avant de couper la communication. Tout en
roulant, Kat avait appelé la brigade pour le plus de collègues viennent nous
donner la main. L’adresse est celle d’un grand chantier de construction gigantesque.
L’idée même de la surface à couvrir me fait paniquer. Je suis plutôt d’une
nature pacifique. Je n’aime pas utiliser mon arme de service, mais la haine
grandit en moi au point que je me sens tout à fait capable de loger une balle
entre les deux yeux de ce psychopathe. Le problème, c’est que je ne sais pas
qui il est.
- C’est
Tennant, c’est obligé. Il a du avoir vent que nous étions sur ses talons, du
coup, il s’en prend à toi.
Je n’en
reviens pas de prononcer les mots qui suivent :
- On n’a
aucune preuve. De plus, ce n’est pas parce que nous sommes sur cette affaire
que c’est obligatoirement notre suspect. Comment pourrait-il savoir que nous le
suspectons ?
Kat tape
sur le volant. Elle a l’air autant affecté que moi. Elle me demande d’appeler
le QG pour savoir si d’anciens criminels auraient été relâchés récemment. Mon
collègue me confirme ce que je pensais, impasse ! Pas de voyous que j’ai
mis à l’ombre libérer dernièrement. Nous arrivons sur le chantier. Même le
capitaine est de sortie. Il me crie après :
- EGALA,
qu’est-ce que vous faite là ?
- C’est
ma famille chef, vous ne croyez pas que je vais rester sans rien faire !
- Ce
n’est pas ce que je vous demande ! Laissez nous faire ici, les chiens sont
déjà en chasse. Retournez chez vous, cherchez des signes éventuels. Votre femme
est astucieuse, elle vous aura peut être laissé un indice.
- Chef,
vous ne pouvez pas…
- EGALA,
C’EST UN ORDRE !
Là, je
vois rouge. Je m’avance vers le capitaine, la rage montante me faisant
blanchir. Kat essaie de me retenir vainement. Quand il ne me reste qu’un pas à
faire, je prends une énorme claque en pleine figure qui m’assomme à moitié. Vu
la taille des mains du chef, il n’est pas étonnant que je vois trente six
chandelles.
- Quand
vous aurez fini de faire votre caprice, vous pourrez faire votre boulot de
flic ! Labry, emmenez le, et magnez vous.
J’ai
toujours cru que prendre une baffe de la sorte aurait plutôt accru ma rage. Ben
non. Le coup m’a clamé direct. A ce moment précis, j’ai l’impression que mes
idées se sont remis dans l’ordre. Ce n’est plus l’affectif, mais rationnel qui
prend le dessus. Le chef a raison. Nat ne se sera pas fait enlever sans me
laisser un indice. A moins que… NON ! Faut que je me concentre sur le
rationnel et que je fasse confiance à mes collègues. Je croise le regard du
capitaine. Pas un mot de plus, juste un accord tacite entre deux hommes qui se
respectent. Dont l’un à une joue toute rouge.
Kat me
laisse le volant, j’enfonce la pédale d’accélérateur, direction ma maison.
Derrière le bruit du moteur qui vrombit, je laisse mon esprit tenter de faire
la part des choses. Je sens pourtant une force en moi saper les fondements de
ma raison. Le deux tons hurle, les voitures s’écartent comme elles peuvent. Le
paysage défile à grande vitesse. Ma rage me fait prendre des risques qui
obligent Kat à me dire :
- Si on
meurt en route, ça ne les aidera pas !
Le temps
que le concept me parvienne, nous sommes arrivés. La maison est toute lumière
éteinte. Je sors mes clés et ouvre la porte. J’appuie sur l’interrupteur tout
en dégainant mon arme. Je sais ce que vous vous dites, à quoi bon dégainer, le
coupable n’est certainement pas là. C’est un vieux réflexe de flic. Kat et moi
nous séparons, elle reste en bas tandis que je prends l’étage. Rien d’anormal
dans les escaliers, ni sur le palier. En face, j’ouvre la chambre de mon fils.
Comme à son habitude, les jouets traînent un peu partout. La chambre de ma
fille est quelque peu mieux rangée mais ne m’apporte rien en termes d’indices. J’avance
vers notre chambre. Nathalie a du se changer. Plusieurs tenues sont posées sur
le lit. Sérieusement, qui prendrait le temps de choisir sa tenue avant de se
faire enlever. Je fronce les sourcils devant le paradoxe de la situation, quand
Kat m’appelle.
- Mike,
tu devrais venir voir !
Je
descends les marches quatre à quatre. Qu’a-t-elle bien pu trouver ? Je
déboule dans la cuisine pour voir ma collègue appuyée sur le frigo. Elle tape
du bout de son arme sur le planning familial. Il est écrit : « 18H00
Nocturne du zoo ». Kat et moi nous regardons, on se comprend. La pendule
sonne vingt heures. Le parc est à l’autre bout de la ville. Voilà déjà trois
quart d’heure de passé depuis le coup de fil le plus horrible de ma vie.
- Kat,
je me demande si on ne s’est pas fait banané.
- Je
n’osais pas te le dire, il n’y a qu’un moyen de le savoir.
- Oui,
mais si on se plante…
Je
laisse la phrase en suspens car j’entends le bruit d’une voiture qui arrive. Je
me précipite vers l’entrée et manque d’envoyer valser mon fils qui courrait
dans la direction opposée. Je le prends dans mes bras en le serrant de toutes
mes forces. Lui n’en comprend pas la raison, gigote pour se défaire de mon
étreinte. Nat arrive, le visage inquiet. Faut dire que la voiture est garée en
travers de la route avec le gyrophare qui fonctionne encore.
- Mike,
qu’est-ce qui se passe ?
Après
avoir reposé le fiston au sol, je serre ma femme dans mes bras en laissant
échapper un long soupir de soulagement. Bien qu’elle ne soit pas très friande
des démonstrations affectives publiques, elle comprend qu’il y a du se passer
quelque chose qui m’a ébranlé. C’est Kat qui explique brièvement à Nat les
derniers événements. Puis elle appelle le chef pour lui dire de stopper les
recherches.
- Chéri,
pourquoi t’aurait-on fait croire à notre enlèvement ?
- Pour
m’éloigner de l’endroit ou nous devions effectuer une planque. Je ne vois que
ça.
- Alors,
retourne vite là-bas, il n’est peut être pas encore trop tard.
Kat
sourit de me voir presque mis dehors par ma femme. Je l’embrasse en lui
soufflant de bien fermer toutes les portes à doubles tours. Elle acquiesce en
me murmurant un « je t’aime ».
Nous
reprenons la voiture, mais cette fois-ci en mode discrétion. Kat a repris le
volant, elle roule nerveusement démontrant son agacement.
- Si
c’est pour nous éloigner de la planque, c’est bien Tennant l’auteur du coup de
fil.
- C’est
ce que tout semble indiquer en effet. Mais pourquoi prendre un tel
risque ? Il doit se douter que maintenant il va avoir un mandat d’amener
au cul.
- Tu
m’étonnes, le chef était furax. Mobiliser quarante personnes sans compter la
brigade canine pour une fausse alerte, tu vas prendre un savon.
- Il m’a
déjà mis une tarte, ça devrait suffire non ? Sinon, on la joue
comment ?
- On ne
rigole plus. On rentre et on arrête tout le monde.
- Ok. On
va avoir une longue nuit, tu le sais.
- Ben en
fait, on devait planquer toute la nuit, alors, quelques interrogatoires, ça
changera.
A peine
arrivé au motel, nous nous sommes précipités vers la chambre que nous étions
censés surveiller. Un solide coup de pied dans la porte eut raison de la
serrure. Ce que nous y avons découvert, nous a surpris. Nous étions loin de
nous imaginer que cette personne serait là, attachée aux barreaux du lit à
moitié nu. Nous nous sommes approchés, tout en jetant un œil circulaire à la
pièce ainsi qu’aux toilettes. Personne d’autre. Je me suis approché pour
prendre son pouls.
- Il
vit ! Soit il dort, soit il a été drogué. Appelle les urgences qu’ils
envoient une voiture.
- Bon,
ben, ça ne sera pas pour ce soir l’interrogatoire. Ecoute, Mike, rentre chez
toi, t’en a assez bavé aujourd’hui. Je gère. Passe me prendre demain à
l’hôpital, je vais rester avec lui cette nuit.
Je ne me
suis pas fait prier. A peine ai-je quitté Kat, que je me mets à penser à cent à
l’heure. Néanmoins, une seule question m’obsède : Pourquoi ?
AAh! En fin la suite! Quel suspens!
RépondreSupprimer